En France, le défi de la réindustrialisation est confronté à une pénurie de main-d'œuvre, avec environ 100 000 emplois à pourvoir. Selon une étude récente de la Fabrique de l'industrie, ce déficit est moins dû à l'offre de formation qu'à des problèmes liés à l'attractivité et à la mobilité.
Le journal Le Monde rapporte qu'entre 2000 et 2020, un million d'emplois industriels ont disparu. Aujourd'hui, le gouvernement souhaite réindustrialiser le pays en comptant sur les relocalisations d'activités étrangères, mais il doit également faire face à la difficulté des nombreux emplois non pourvus dans le secteur.
Selon l'étude de la Fabrique de l'Industrie, il y a suffisamment de formations dispensées, mais moins de la moitié des jeunes diplômés travaillent dans l'industrie. Les auteurs de l'étude soulignent que l'industrie française rencontre des difficultés de recrutement sans précédent, avec une part des entreprises industrielles faisant état de ces difficultés atteignant 67% en 2022, contre une moyenne de 32% entre 1991 et 2022. Environ un quart des entreprises estiment que ces problèmes de recrutement limitent leur production, contre seulement 7% en 2006.
En théorie, les 130 000 places de formation recensées par l'étude devraient suffire à combler les 100 000 emplois vacants. Cependant, les auteurs constatent une « évaporation » des diplômés, avec seulement 66 000 jeunes débutants formés aux métiers industriels et entrant chaque année dans l'emploi sur ces profils entre 2019 et 2030, loin des 125 000 initialement prévus. En d'autres termes, pour deux jeunes formés à un métier industriel, un seul l'exercera réellement.
Dans certains cas, les entreprises viennent directement chercher les jeunes diplômés à la sortie du lycée, voire même avant. Cependant, la mobilité des jeunes diplômés de l'enseignement professionnel reste souvent compliquée, car ils n'ont ni le permis de conduire ni les ressources financières pour chercher un emploi en dehors de leur zone de résidence. Certains choisissent donc de travailler plus près de chez eux plutôt que d'accepter un emploi pour lequel ils ont été formés.
Pour remédier à cette situation, le gouvernement souhaite réformer l'enseignement professionnel, en fermant les formations qui n'offrent pas suffisamment de débouchés tout en ouvrant des places dans des secteurs porteurs. Il est également suggéré d'améliorer l'adéquation entre l'offre et la demande en orientant les jeunes vers des formations adaptées à leurs aspirations et aux bassins d'emploi disponibles.
Cependant, il est important de noter que malgré ces difficultés, certains établissements scolaires parviennent à bien accompagner leurs élèves vers l'emploi. Par exemple, le lycée Loritz à Nancy a mis en place des formations spécifiques en lien avec les besoins des entreprises locales, ce qui permet aux étudiants d'avoir une idée plus précise des débouchés professionnels.
En conclusion, la réindustrialisation de la France doit prendre en compte la faible mobilité des Français et les former autant que possible sur leur territoire, tout en répondant aux besoins des entreprises en matière de formations spécialisées. Cela nécessitera un diagnostic partagé et des efforts coordonnés entre toutes les parties concernées.