Affaire des injections illégales de botox : jugement de deux sœurs originaires du Nord à Valenciennes

Lounes

Le procès des deux sœurs soupçonnées d'avoir réalisé des injections illégales de botox sur plus de 600 patients s'ouvre devant le judiciaire de Valenciennes. Elles attiraient leurs nouveaux clients sur Snapchat et Instagram, en se faisant passer pour le « Docteur Lougayne ». Ces deux sœurs nordistes proposaient des injections illégales de botox et d'acide hyaluronique, un procédé permettant de relaxer les muscles du et de faire disparaître les rides.

Depuis le début de l'année 2021, au moins 600 patients seraient dans le piège des pseudo-docteures. Les deux sœurs ont exercé à Lille, Valenciennes, Paris et Bordeaux. Elles se rendaient dans des appartements, des domiciles de clients ou des salons d'esthétique loués spécialement pour l'occasion. Avec des séances facturées entre 200 et 400 euros, elles auraient réalisé un bénéfice de 120 000 euros en moins de deux ans.

Outre l'illégalité de leur pratique, certains patients présentent aujourd'hui des complications sévères. En effet, les seringues et les fioles d'acide hyaluronique et de botox utilisées étaient périmées pour certaines. Un rapport d'analyse des produits retrouvés lors des perquisitions a révélé la présence de « toxine botulique », une substance interdite à la libre et dont l'injection ne peut être pratiquée que par un médecin. De plus, le taux de bactéries mesuré dans certains produits était cinquante fois supérieur aux seuils maximums autorisés.

26 victimes ont porté plainte, parmi lesquelles Benoît, un Lillois de 53 ans. Après plusieurs injections de botox depuis décembre 2021, Benoît a constaté une déformation de son visage. Il présente également des réactions cutanées inhabituelles, des crevasses, des pustules et des gonflements. Pour pouvoir travailler, il est obligé de mettre du scotch sur sa paupière gauche et doit consulter une infirmière tous les deux jours pour recevoir des perfusions.

Malgré les intimidations et les menaces de mort reçues de la part des deux sœurs et de leur entourage lorsqu'il a demandé un remboursement, Benoît a décidé de porter plainte. Il affirme qu'il présent au procès pour aller jusqu'au bout malgré le traumatisme subi.

Les deux sœurs ont été arrêtées une première fois en mai 2023 à Valenciennes et ont été placées en garde à vue. Lors des perquisitions, les enquêteurs ont retrouvé une centaine de seringues et de fioles d'acide hyaluronique et de botox, pour la plupart d'origine étrangère, ainsi que 14 000 euros en liquide, deux véhicules haut de gamme et des objets de luxe. Après avoir lancé un appel à témoins pour retrouver d'éventuelles victimes, les pseudo-docteures ont été de nouveau placées en garde à vue après les investigations menées par les gendarmes de la Section de recherches de Lille. À l'issue des auditions, l'une des deux sœurs a été placée en détention et l'autre sous contrôle judiciaire.

Ces deux sœurs, âgées d'une vingtaine d'années, sont poursuivies pour exercice illégal de la profession de médecin, mise en danger de la d'autrui, blessures involontaires, escroquerie, dissimulé et blanchiment. Leur avocat n'a pas souhaité répondre à nos questions avant le début du procès.