La France est un producteur majeur d'algues de consommation et en Bretagne, environ 1 500 tonnes d'algues alimentaires sont récoltées chaque année. Ce secteur est en pleine expansion et mise sur la culture pour intégrer l'algue dans l'alimentation quotidienne.
L'agroalimentaire breton considère l'algue comme un légume à part entière. Au cours des dernières années, le secteur des algues alimentaires a connu une croissance à deux chiffres. Cependant, pour faire face à la demande croissante et aux conséquences du changement climatique, il faudra s'adapter.
En Bretagne, on récolte 1 500 tonnes d'algues alimentaires chaque année. Dans le Finistère, la mer d'Iroise abrite de nombreuses espèces d'algues. Cette ressource naturelle est de plus en plus recherchée par les industriels. À Rosporden, dans le Finistère, l'entreprise GlobeXplore distribue et transforme plusieurs espèces d'algues pour la restauration et la grande distribution. Leader sur le marché, l'entreprise traite 80 tonnes d'algues fraîches par an et commercialise 400 tonnes d'algues pour la décoration. Son chiffre d'affaires annuel s'élève à 6 millions d'euros.
Selon le directeur de l'entreprise, Antoine Ravenel, les possibilités sont multiples. Leur objectif est de démocratiser l'utilisation de l'algue en mettant en avant ses avantages nutritionnels mais surtout son goût. Les algues offrent une palette de saveurs variées, allant de l'acidité de la laitue de mer aux accents boisés de l'haricot de mer, en passant par le goût umami du kombu, similaire au goût du soja et des produits fermentés.
Le directeur de GlobeXplore affirme que leur succès est dû à la tendance actuelle vers une alimentation plus saine, locale et végétale.
Face à ces perspectives, la pérennité de la filière est déjà remise en question pour les années à venir. Le directeur souligne que la culture de l'algue est l'avenir de la filière. En France, les algues sont encore récoltées à la main, alors qu'en Asie, elles sont à 90 % cultivées.
La culture de l'algue est déjà en développement. À Plouguerneau, dans le nord du Finistère, l'entreprise France Haliotis cultive de la laitue de mer, une algue utilisée pour nourrir les ormeaux dans leur élevage. Cette algue présente de nombreux avantages : elle est facilement accessible, sans pesticides et de bonne qualité. Cette protéine végétale pourrait être une alternative aux protéines animales à l'avenir.
Sylvain Huchet, le directeur de France Haliotis, souligne que l'algue est bénéfique pour les ormeaux et donc pour les humains. L'algue utilise les fertilisants qui peuvent être utilisés en trop grande quantité dans les champs, et les transforme en protéines.
Cependant, la culture des algues doit faire face aux effets du changement climatique. Certaines espèces d'algues disparaissent complètement dans certaines zones du Finistère en cas d'années chaudes. Sylvain Huchet déplore le manque d'adaptation qui pourrait entraîner une perte de biodiversité.
Pour anticiper ces changements, les chercheurs sont des alliés précieux. Au CNRS de Roscoff, des chercheurs étudient les algues, notamment leur reproduction, afin d'assurer leur production à long terme. Le réchauffement des océans compromet la reproduction des algues, mais les chercheurs ont réussi à constituer une collection de 6000 souches d'algues mâles et femelles provenant de toute l'Europe.
Philippe Potin, directeur de recherche au CNRS, souligne que l'algue est un aliment d'avenir à condition d'assurer une production constante grâce à la culture. Les chercheurs travaillent également sur la dulse pour trouver la meilleure façon de la cultiver économiquement. L'objectif est d'obtenir des teneurs en vitamines et minéraux comparables à celles des algues récoltées dans la nature.
La culture des algues alimentaires en est encore à ses débuts, mais elle offre de nombreuses perspectives pour l'agroalimentaire breton.