Les Hospices Civils de Lyon ont pris des mesures préventives en cas d'une attaque chimique majeure lors de la Coupe du Monde de rugby. Le laboratoire FriPharm, situé à l'hôpital Edouard Herriot, a reçu la commande d'un antidote au gaz sarin qui peut être administré en cas d'urgence.
Cette information était jusqu'à présent confidentielle. Nous avons eu l'opportunité de visiter le laboratoire responsable de la production de cet antidote au sein de l'hôpital Édouard Herriot. Pour y accéder, plusieurs précautions strictes doivent être respectées. Il est nécessaire de changer de tenue trois fois de suite en enfilant une combinaison intégrale qui garantit une protection adéquate du personnel et des produits manipulés.
Le professeur Fabrice Pirot, qui dirige le laboratoire FriPharm, a accepté de nous révéler le secret bien gardé dans des sachets hermétiques argentés. L'étiquette apposée sur ces sachets révèle leur contenu : 30 seringues de sulfate d'atropine, un antidote simple au gaz sarin.
Cependant, la difficulté réside dans la fabrication et le conditionnement de cet antidote en doses de 1 ml, afin de permettre une injection rapide. L'objectif est de faciliter le travail des soignants qui pourraient être amenés à l'utiliser en cas d'attaque chimique.
Chloé Marchand, docteure en pharmacie au laboratoire FriPharm, explique : « Il faut se rendre compte que sur les chaînes de décontamination, les soignants auront des habillages encore plus sophistiqués, avec des gants plus gros. Cette manipulation de petites seringues pour injecter 1 ml surtout dans l'urgence va être compliquée donc nous leur mettons à disposition des seringues où ils ont juste à remettre une aiguille et injecter au patient. »
FriPharm est l'un des dix laboratoires publics en France capable de faire face aux pénuries de médicaments avec une flexibilité de fabrication que l'industrie pharmaceutique ne possède pas. Cela s'avère précieux en cas d'incident majeur.
La commande de 300 seringues de sulfate d'atropine, avec une durée de validité d'un an, couvre la période pendant laquelle se dérouleront la Coupe du Monde de rugby et les Jeux Olympiques. Cependant, la quantité de doses produites peut susciter des interrogations : seulement 300 seringues. Selon le Pr Fabrice Pirot, en cas d'attaque chimique au gaz sarin, ces doses ne seront utilisées que sur les patients acheminés en urgence dans les sas de décontamination ouverts par les Hospices Civils de Lyon, conformément au Plan Blanc, le plan de gestion de crise prévu par les hôpitaux.
Par ailleurs, le laboratoire FriPharm travaille actuellement sur le projet AGAT, Antidote Gun Atropine, qui consiste en un pistolet permettant d'injecter l'antidote sans aiguille en une fraction de seconde, à la manière dont les animaux sont vaccinés aujourd'hui.