En Normandie, les professionnels de santé sont engagés dans une démarche visant à favoriser l'installation des soignants et à mieux coordonner les soins dans les territoires en difficulté. En effet, l'offre de soins se dégrade dans les zones rurales et certains quartiers, en grande partie parce que les soignants ne s'installent pas dans ces endroits. Face à ce constat, les professionnels de santé ont décidé de changer la donne en développant les effectifs de soignants dans les déserts médicaux. Cependant, il ne suffit pas seulement d'augmenter les effectifs, il est également nécessaire de mieux coordonner les différents intervenants pour proposer une offre de soin plus efficace et lutter contre la solitude des acteurs de la santé.
Pour mettre en œuvre ces actions, des initiatives ont été mises en place par les collectivités locales tout au long de l'été en Normandie. Dans ces initiatives, il y a notamment Xavier Humbert, médecin généraliste et maître de conférences à l'université de Caen, qui a mis en évidence en 2017 une baisse importante de l'offre de soin en Basse-Normandie. Pour remédier à cette situation, il propose la délocalisation de l'enseignement de la médecine générale. Ainsi, les enseignants sont invités à s'installer dans des zones en souffrance et à accueillir les étudiants dans leur cabinet plutôt qu'au CHU. Ce dispositif permet de fixer les étudiants sur le territoire pendant plusieurs mois voire plusieurs années, ce qui favorise leur installation future.
Lynda Beugnot, présidente de l'Union Régionale des Professionnels de Santé des chirurgiens-dentistes, lutte également pour développer l'offre de soins dentaires en Normandie. Dans cette région, il y a seulement 42 chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants, soit un chiffre bien inférieur à la moyenne nationale. Pour améliorer cette situation, des aides ont été mises en place par les collectivités. Par exemple, la Caisse Primaire d'Assurance Maladie offre une aide de 25 000 euros aux dentistes qui acceptent de s'installer dans les zones en tension. De plus, les communes rurales proposent des aides financières ou matérielles pour l'installation dans une maison de santé. Enfin, la région peut également participer à l'aménagement d'un cabinet. Pour attirer les étudiants, des dispositifs ont également été mis en place, tels que des participations aux frais de déplacement et de logement ainsi qu'un contrat d'engagement en service public pour les étudiants qui s'installent dans une zone sous-dotée après leur diplôme.
Enfin, Patrick Dahan, jeune retraité et ancien médecin généraliste, est désormais président du Dispositif d'Aide à la Coordination (DAC) destiné aux professionnels de santé. Ayant constaté que la charge administrative pèse de plus en plus lourd dans la journée d'un généraliste, il a mis en place ce dispositif pour mieux organiser les parcours de soins. L'idée est de permettre aux médecins en difficulté d'organiser le parcours de leurs patients en les mettant en relation avec le DAC. Ce dispositif permet de soulager les médecins des tâches administratives et d'améliorer l'efficacité de la prise en charge des patients.
Ces initiatives dans le domaine de la santé en Normandie montrent que des solutions sont mises en place pour faire face aux difficultés de désertification médicale et d'accès aux soins. En développant les effectifs de soignants, en coordonnant les différentes actions et en attirant les étudiants vers les zones sous-dotées, il est possible d'améliorer l'offre de soins dans ces territoires en difficulté. Il reste encore beaucoup à faire, mais les professionnels de santé de la région sont mobilisés pour assurer une meilleure prise en charge des patients.