Le ministre de la Justice, Eric Dupont Moretti, a annoncé la création de 10 000 nouveaux postes d'ici 2027 pour remédier au manque de magistrats en France, dont 133 pour la cour d'appel de Montpellier. Cette annonce a suscité de l'amertume et de l'inquiétude chez les avocats et les magistrats, qui dénoncent depuis longtemps un manque criant d'effectifs.
Iris Christol, le bâtonnier de l'ordre des avocats de Montpellier, exprime d'abord sa joie en apprenant cette nouvelle, mais celle-ci est de courte durée. Sur les 10 000 postes créés, seuls 133 seront affectés à la cour d'appel de Montpellier, composés de 52 magistrats, 41 greffiers et 40 attachés de justice. Les avocats de Montpellier, qui avaient déjà alerté le ministre sur le manque de magistrats et les délais de jugement, sont profondément déçus par ce chiffre.
Iris Christol souligne la situation critique à Montpellier, avec notamment une baisse de 7 magistrats à la rentrée. Selon lui, la venue du garde des Sceaux n'a servi à rien et la situation ne fait qu'empirer. L'insuffisance de magistrats entraînera la fermeture de chambres et la suppression de plus d'audiences qu'auparavant.
Le bâtonnier déplore également les conséquences sur la précarité des jeunes avocats. Beaucoup d'entre eux dépendent de l'aide juridictionnelle, et si les décisions ne sont pas rendues et les procès n'ont pas lieu, ils ne sont pas rémunérés. Certains avocats se retrouvent même dans l'impossibilité de recevoir les documents nécessaires pour être payés.
Le manque d'effectifs a également un impact sur la confiance des citoyens envers le système judiciaire. Les syndicats de magistrats et les avocats craignent que les nouveaux postes créés soient majoritairement attribués à la couronne parisienne en vue des Jeux olympiques.
De plus, les représentants syndicaux déplorent que les annonces du ministre ne répondent pas pleinement à leurs revendications. Les chefs de juridiction estimaient avoir besoin de 39 postes, dont 20 sont déjà vacants.
Il manque actuellement cinq magistrats du siège au tribunal judiciaire de Montpellier, ainsi que des magistrats à Perpignan, Béziers et Rodez. Les postes de juges placés et de présidents de cour d'appel à Montpellier ne sont pas pourvus non plus.
Enfin, Delphine Despits, déléguée régionale de l'Union syndicale des magistrats, souligne que les chiffres annoncés ne combleront pas les besoins, notamment en raison des départs à la retraite et du temps de formation nécessaire. Les avocats et les magistrats expriment leur amertume et leur découragement face à une perte de sens dans leur métier et aux difficultés croissantes pour exercer leur profession au service des justiciables.