En 1923, le Tigre (surnom donné à Georges Clemenceau) fait la rencontre de Marguerite Baldensperger, âgée de 40 ans, alors qu'il en a 80. Leur relation va se développer à travers une correspondance épistolaire. Pour célébrer le centième anniversaire de leur rencontre, Benoit Mély décide de raconter cette histoire méconnue à travers une bande dessinée, qui se déroule principalement à la maison du Tigre à Saint-Vincent-sur-Jard en Vendée.
Cette BD est la première du genre pour Benoit Mély. Elle lui est venue après la lecture d'une biographie consacrée à Clemenceau. Il est fasciné par cet épisode peu connu de la dernière histoire d'amour du Tigre, conquise par Marguerite Baldensperger, bien plus jeune que lui.
L'auteur trouve cette histoire d'amour « dingue, belle et extrêmement romantique ». Il explique que, à l'époque, Clemenceau avait 82 ans et avait décidé de se retirer de la vie politique après un échec. Il entreprend alors un tour du monde, passant par les États-Unis, chassant le tigre en Inde et visitant l'Afrique, avant de rentrer à Paris. C'est à ce moment-là qu'il rencontre Marguerite, mariée à un universitaire. Elle souhaite lui demander une contribution pour une édition sur la jeunesse, où de grandes personnalités devaient parler des personnes qui les ont marquées.
La rencontre se déroule bien et ils se revoient à plusieurs reprises. Un jour, Clemenceau remarque que Marguerite est toujours en noir lors de leurs rencontres. Intrigué, il lui demande si elle porte le deuil de quelqu'un. Marguerite lui révèle alors que sa fille aînée s'est suicidée à cause d'un chagrin d'amour. Touché par cette histoire, Clemenceau propose un pacte à Marguerite : elle l'aidera à mourir et il l'aidera à vivre.
Benoit Mély décide de raconter cette correspondance et cette relation dans sa bande dessinée. Ce qui devait être au départ une relation professionnelle se transforme en amitié, puis en amour passionné. Les lettres échangées entre les deux amants sont considérées comme très belles et très romantiques, rappelant un amour adolescent. Malgré les conventions sociales de l'époque, où une telle relation était mal vue, Marguerite décide de garder les lettres de Clemenceau, contrairement à ce que lui-même souhaitait.
À la mort de Clemenceau et de Marguerite, six ans après leur rencontre, on découvre qu'ils ont échangé pas moins de 660 lettres. Ces lettres sont désormais conservées à la Bibliothèque Nationale Française. Benoit Mély trouve dans cette correspondance une matière extrêmement romantique et romanesque.
L'auteur s'est également inspiré des décors naturels de la maison de Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard pour ses dessins. En 2019, il s'est rendu sur place et a pris de nombreuses photos qui lui ont ensuite servi d'inspiration pour son travail. Il décrit cette maison comme un lieu touchant par sa simplicité, où Clemenceau, malgré sa stature politique, a choisi de se retirer et qui offre un charme incroyable avec son jardin au bord de la mer et ses fleurs colorées.
La bande dessinée « Clemenceau, le crépuscule du Tigre » a été publiée aux éditions Des Ronds dans l'O.