Les paysages du sud de la France risquent de se transformer en steppes d'ici 2070 à cause des canicules à répétition, selon Serge Zaka, un agrométéorologue. Il affirme que certaines espèces d'arbres méditerranéens vont progressivement disparaître d'Occitanie d'ici cette date, mais que la vigne devrait quant à elle résister.
Depuis quelques jours, l'Occitanie connaît une quatrième vague de chaleur estivale avec des températures dépassant les 33°C dans certains départements. Une deuxième vague brûlante a également duré 12 jours d'affilée dans les Pyrénées-Orientales en juillet. En août, cette canicule a duré 15 jours avec des records de chaleurs à Carcassonne, où le thermomètre a atteint les 43°C.
Le 4 septembre 2023, jour de la rentrée scolaire, a été la journée la plus chaude jamais enregistrée en septembre selon Météo France. Cet été a été l'un des plus chauds jamais enregistrés dans la région, entraînant un stress hydrique important et un risque élevé d'incendies.
Ce phénomène, lié au changement climatique, va considérablement modifier les paysages, affirme Serge Zaka. Selon lui, d'ici 2070, la garrigue pourrait remonter vers Lyon et Bordeaux, donnant à la région un aspect de steppes comme en Andalousie. Certaines espèces d'arbres, comme le hêtre, disparaîtront complètement du sud de la France, tandis que le chêne vert méditerranéen disparaîtra progressivement.
Les conséquences de la chaleur intense sont déjà visibles à Perpignan, avec des pelouses brûlées et des arbres en piteux état. La directrice de la nature et des cultures urbaines de la ville explique que la moitié des arbres dans les parcs urbains ont énormément souffert en raison du manque d'eau régulier.
En ce qui concerne l'agriculture, Serge Zaka prévoit également d'importants bouleversements. Certaines variétés d'abricots, comme la variété rouge du Roussillon, pourront être cultivées dans la vallée du Rhône et même jusqu'à Bordeaux d'ici 2070, ce qui les rendra différentes de celles du Roussillon. En revanche, la vigne devrait s'adapter et produire toujours du vin dans la région, même si le goût et le degré d'alcool évolueront. Des cépages italiens, grecs et espagnols pourraient être introduits.
Les vendanges ont déjà avancé de 20 jours au cours des 70 dernières années en Occitanie, ce qui est une preuve du changement climatique. Cependant, selon Serge Zaka, l'augmentation de la chaleur n'entraînera pas nécessairement des précipitations plus intenses en automne, car il faut également une dépression pour provoquer des orages.
Malgré ces prévisions inquiétantes, Serge Zaka conclut sur une note optimiste. Il estime que nous ne sommes pas encore arrivés à un point de non-retour en ce qui concerne le climat, et qu'il n'est pas trop tard pour réagir. Il souligne l'importance de réduire dès maintenant les émissions de gaz à effet de serre dans tous les domaines (agriculture, consommation, logement, transport) pour limiter les effets du changement climatique à partir de 2050.