Le gouvernement a récemment publié une nouvelle liste des « espèces susceptibles d'occasionner des dégâts » (ESOD) qui permet de détruire certaines espèces sans limite de temps. Cette liste, valable jusqu'en 2026, est presque identique à celle établie en 2019. Toutefois, des dérogations ont été accordées pour certains territoires. Par exemple, en Centre-Val de Loire, la chasse à la martre ne sera plus autorisée dans une quarantaine de communes situées à l'est du département du Loiret. Pour les huit espèces concernées, la chasse reste autorisée partout ailleurs dans la région.
Cependant, cette décision du gouvernement est vivement critiquée par différentes organisations non-gouvernementales (ONG). Elles remettent en cause la légitimité des arrêtés ESOD, considérant que l'idée d'autoriser la destruction illimitée d'animaux est archaïque dans le contexte de l'urgence écologique et de l'effondrement de la biodiversité. Ces ONG critiquent également la méthode d'établissement de la liste, qui se base sur des déclarations sans aucun contrôle de véracité des faits ni d'estimation des dégâts.
Les ONG pointent du doigt notamment le renard, qui cristallise les récriminations. Selon elles, le classement des espèces ne tient pas suffisamment compte de l'équilibre des écosystèmes. Par exemple, le renard se nourrit de mulots qui endommagent les cultures, évitant ainsi l'utilisation de produits répulsifs. L'association Nature 18 dans le Cher plaide depuis des années pour une chasse sélective du renard plutôt qu'une chasse généralisée dans tout le département. Philippe Grancolas, directeur de recherche au CNRS, soutient cette idée en affirmant que le renard limite également la propagation de la maladie de Lyme en maîtrisant les populations de rongeurs. Selon lui, il est nécessaire de gérer ces espèces plutôt que de simplement leur accorder un permis de destruction à tout moment.
Face à ces contestations, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a annoncé un recours juridique contre ce nouvel arrêté. Elle compte agir à la fois au niveau local devant les tribunaux administratifs et au niveau national devant le Conseil d'État. L'objectif de la LPO est de prouver l'innocence des espèces mises en cause dans cet arrêté. Le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg, dénonce le mépris avec lequel sont traités les contributeurs de la consultation publique, qui se sont majoritairement opposés au projet d'arrêté. Il affirme également que cette décision est un cadeau fait aux chasseurs, qui reprochent à certaines espèces ESOD de s'attaquer au gibier qu'ils relâchent.
Malgré ces critiques, certaines petites avancées sont soulignées par les associations de défense de l'environnement. Le putois d'Europe, qui était auparavant considéré comme une ESOD, ne figure plus sur la liste. Cette décision fait suite à une décision du Conseil d'État en juillet 2021, qui a jugé que l'état de conservation de cette espèce était défavorable. De plus, le gouvernement a publié trois arrêtés le 4 août, suspendant la chasse de trois espèces d'oiseaux menacées jusqu'à fin juillet 2024 : le courlis cendré, la barge à queue noire et la tourterelle des bois.
Malgré ces quelques avancées, les ONG estiment que cela ne suffit pas. Elles demandent un répit plus long, d'au moins cinq ans, pour tenter de freiner le déclin de ces espèces en espérant leur renaissance.