Ce samedi 12 août 2023, une embarcation transportant « 65 ou 66 migrants » a fait naufrage au large de Sangatte, près de Calais. Les autorités maritimes de la Manche et de la mer du Nord estiment qu'il pourrait y avoir encore deux personnes portées disparues. Les recherches se poursuivent pour les retrouver.
Le drame s'est déroulé en fin de nuit, lorsqu'un navire de commerce a signalé la détresse du bateau en difficulté au centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Gris-Nez. Rapidement, de nombreux moyens nautiques ont été déployés, dont le patrouilleur de service public de la Marine nationale, le Cormoran, qui a repéré l'embarcation en train de couler.
Sur les quelque 60 migrants à bord, 36 ont pu être sauvés et ramenés au port de Calais, tandis que les secours britanniques ont déposé 22 ou 23 personnes à Douvres. Malheureusement, le bilan humain est lourd, avec six personnes décédées pendant le naufrage. L'une d'entre elles est décédée lors de son transfert vers l'hôpital de Calais à bord de l'hélicoptère du Touquet, le Dauphin. Pour mener les opérations de sauvetage, cinq navires de la SNSM et de la Marine nationale français ont été mobilisés, ainsi que deux bateaux britanniques et plusieurs navires de commerce.
Les recherches pour retrouver les deux personnes encore portées disparues se poursuivent, avec la mobilisation des secours français et britanniques, selon la préfecture maritime.
Suite à ce drame, le président du département du Pas-de-Calais, Jean-Claude Leroy, a réagi en déclarant : « Notre détroit ne doit pas devenir à son tour un cimetière ». Il appelle à renforcer la lutte contre les passeurs, mais aussi à trouver des solutions à l'échelle européenne et nationale, en incluant nos voisins britanniques.
Le Secrétaire d'État chargé de la Mer, Hervé Berville, s'est rendu à Calais pour saluer le travail des sauveteurs. Il souligne que les forces engagées ont été rapides, efficaces et d'ampleur, avec une opération lancée peu de temps après le signalement de l'embarcation. Selon lui, ce « drame humain » est le résultat de la responsabilité des trafiquants et des criminels qui envoient des personnes à la mort par des routes maritimes dangereuses et mortelles.
La maire de Calais, Natacha Bouchart, s'est également rendue sur place et a exprimé son énervement. Elle déplore le manque de visite du gouvernement ces dernières années et souligne que ces événements se répètent malgré ses recommandations à l'État. Elle demande la mise en place de dispositifs dérogatoires pour éloigner les migrants et éviter que les passeurs ne s'organisent sur place. Selon elle, les migrants devraient avoir une zone de repli avec des services de prévention pour les dissuader de prendre la mer. Elle dénonce ainsi le manque de moyens mis en œuvre par l'État.
Fabien Touchard, coordinateur de l'association Utopia 56 à Grande-Synthe, constate que les traversées de la Manche se multiplient et deviennent de plus en plus risquées. Les personnes qui tentent la traversée partent de plus en plus loin, parfois depuis le Touquet ou Fort-Mahon, dans des conditions météorologiques difficiles. Selon lui, ces départs sont une réponse à la répression policière le long des côtes. Tant qu'il n'y aura pas de véritable politique d'accueil, les migrants seront repoussés temporairement avant de revenir.
La situation reste préoccupante et nécessite une action concertée à l'échelle européenne pour éviter de nouveaux drames.