Une enquête est en cours suite à un incendie qui s'est produit dans la nuit du 23 au 24 août et qui semble être un nouveau cas de féminicide. Une femme et son compagnon ont été retrouvés morts dans un petit appartement à Vaux-les-Saint-Claude, une commune du Haut-Jura d'environ 700 habitants. L'homme qui aurait tué sa compagne avait un passé judiciaire chargé.
Au fil des heures, les détails de cette tragédie émergent. Les pompiers du Jura ont été appelés vers 22h30 le 23 août pour un incendie et ont découvert une scène terrible rue Trey de la fontaine. À l'arrivée des secours, deux enfants se trouvaient seuls dans une voiture devant le domicile du couple. L'alerte a été donnée par les voisins qui ont vu de la fumée s'échapper du logement et entendu une détonation.
Une voisine interrogée par la journaliste Isabelle Brunnarius raconte : « On a vu la voiture avec les enfants, avec les warnings. On a trouvé ça suspect. On a vu la fumée, on a appelé les pompiers. » Selon un autre voisin, le plus grand des enfants faisait des allers-retours dans la voiture et semblait inquiet. Les deux jeunes enfants ont été rapidement pris en charge et transférés au CHU de Besançon.
Selon le procureur de la République Lionel Pascal, les autopsies réalisées sur les corps de la femme et de l'homme retrouvés dans l'appartement révèlent des traces de mort violente. Dana, une jeune femme originaire de Lettonie âgée de 26 ans, est décédée d'une hémorragie massive résultant de coups portés à l'aide d'une arme blanche. Un couteau retrouvé sur les lieux présente des traces de sang et de poils, confirmant l'hypothèse d'un homicide à l'arme blanche. L'homme est décédé d'un tir unique réalisé avec un fusil de chasse au niveau de la tête. Un fusil a été retrouvé à proximité immédiate de son corps.
Le conjoint, âgé de 57 ans, était connu de la justice pour un meurtre commis en 1996. Il avait été remis en liberté en 2003, mais avait à nouveau été condamné en 2009 pour un délit relatif aux mœurs et en 2019 et 2022 pour défaut de respect des obligations liées à son inscription au fichier judiciaire des auteurs d'infractions sexuelles. Le couple s'était installé à Vaux-les-Saint-Claude depuis mai 2023, et aucune intervention de la gendarmerie n'avait été signalée à leur domicile depuis cette date.
Une enquête en flagrance pour homicide volontaire et destruction par moyens dangereux a été ouverte. Les recherches porteront sur l'exploitation des traces génétiques, mais cela sera rendu difficile en raison de l'incendie et de l'intervention des secours. Aucune avancée significative n'est attendue avant plusieurs semaines, selon le procureur.
Le couple s'était récemment installé dans le village. Selon les informations disponibles, ils auraient rompu puis s'étaient remis ensemble. L'homme, originaire de Montpellier, travaillait dans une usine d'injection plastique, où les gendarmes se sont rendus pour les besoins de l'enquête. Des rumeurs de féminicide ont rapidement circulé dans les rues de la petite commune, plongée dans une vague de chaleur. Le maire de la commune, Guy Hugues, n'a pas souhaité commenter cette tragédie qui bouleverse son village. Il confirme simplement que le couple s'était récemment installé ici. Les habitants décrivent l'homme comme « discret et courtois ».
Selon le collectif féminicides par compagnons ou ex, il s'agit du 70e féminicide en France depuis le début de l'année. Ils rappellent que 112 femmes sont mortes des mains de leur conjoint ou ex-conjoint en 2022, et que 33 hommes se sont suicidés suite à leurs actes.
Ce drame rappelle celui qui s'est déroulé le 29 août à Alièze, également dans le Jura, où le corps de Sylveline Lacroix a été découvert à son domicile. Son compagnon s'est rendu dans une gendarmerie de l'Hérault pour avouer son geste, expliquant l'avoir frappée mortellement lors d'une altercation.