Le nombre d'enseignants démissionnaires a fortement augmenté au cours des 10 dernières années en raison de problèmes tels que les salaires, les conditions de travail et la perte de sens du métier. La rentrée de 2023 n'échappe pas à ce constat, avec de plus en plus de démissions, ruptures conventionnelles et burn out parmi le corps enseignant. Certaines enseignantes, comme Aurélie De Lapouge à Angers et Aminata Bathily à Nantes, ont choisi de quitter l'éducation nationale pour se lancer dans de nouveaux projets professionnels.
Aurélie De Lapouge, enseignante dans l'école primaire, a décidé de réaliser son vieux rêve de devenir libraire après avoir consacré 25 ans à l'enseignement. Elle admet que ce choix a été mûrement réfléchi depuis longtemps et les circonstances étaient réunies pour qu'elle puisse se lancer dans cette reconversion. Elle a beaucoup aimé son métier d'enseignante et s'est épanouie en enseignant, mais elle avait également envie de changement et d'ouvrir un jour sa propre librairie. Elle a donc décidé de sauter le pas plutôt que d'attendre la retraite.
Aurélie ressent une certaine nostalgie pour son ancien métier et pour le plaisir d'être en classe, d'échanger avec les élèves et les collègues. Elle reconnaît que l'enseignement est un métier de responsabilités, car il faut veiller à ce que les élèves acquièrent des connaissances et des compétences tout au long de l'année. Elle souligne également que la charge mentale et la difficulté de concilier les attentes des élèves avec les demandes de l'administration sont des aspects complexes du métier.
De son côté, Aminata Bathily, professeure de technologie à Nantes, s'interroge sur son avenir dans l'enseignement. Elle a 28 ans de carrière et envisage de démissionner depuis l'année précédente lorsque la technologie a été supprimée arbitrairement des programmes de 6e. Elle estime que cette suppression a remis en question l'utilité de sa matière et la perte de sens de son métier. Elle constate avec amertume que certaines matières considérées comme moins importantes risquent d'être supprimées à l'avenir, privant ainsi les élèves d'une ouverture à de nouvelles perspectives.
Aminata aime son métier et retrouver ses élèves, mais elle trouve de plus en plus difficile de concilier ses convictions avec les décisions prises par le gouvernement concernant l'éducation. Elle s'inquiète de l'avenir de l'éducation et du manque de considération pour le bien-être des élèves. Les nombreuses réformes et les critiques à l'encontre des enseignants ont également contribué à créer un climat difficile dans lequel les professeurs se sentent de plus en plus dévalorisés.
Malgré ces difficultés, le malaise des enseignants est souvent ignoré ou minimisé par l'opinion publique. Les démissions dans l'Éducation nationale ont triplé en dix ans, mais cela reste un sujet tabou. Les demandes de ruptures conventionnelles augmentent chaque année, mais l'administration refuse souvent ces demandes. Les syndicats constatent également une augmentation des appels de la part des collègues qui se demandent comment quitter le métier.
Les enseignants doivent s'accrocher à leur passion pour tenir, mais cela ne suffit pas toujours. Aminata réfléchit de plus en plus à son avenir et à son épanouissement personnel. Elle souhaite être heureuse au travail, mais les contraintes financières et familiales rendent cette décision difficile. Elle constate également que le gouvernement tend à dégraisser le mammouth de l'éducation, sans prendre en compte les conséquences sur les élèves et la qualité de l'enseignement.
Malgré ces difficultés, Aurélie De Lapouge est optimiste quant à sa nouvelle vie de libraire et elle garde un lien avec le monde de l'éducation en rendant visite à ses anciens collègues et élèves. Elle tourne la page sans regret et regarde vers l'avenir avec enthousiasme.
En conclusion, de plus en plus d'enseignants démissionnent en raison des problèmes salariaux, des conditions de travail et de la perte de sens du métier. Des reconversions professionnelles, telles que celle d'Aurélie De Lapouge qui est devenue libraire, sont de plus en plus courantes. Les enseignants ressentent une charge mentale importante et luttent pour concilier leurs aspirations avec les attentes de l'administration. La suppression de certaines matières, comme la technologie, suscite également des questions sur l'avenir de l'éducation. Malgré ces défis, l'omerta entourant cette réalité rend difficile la prise en compte et la résolution de ces problèmes.