Depuis plus d'un siècle et demi, la clouterie Rivierre, située à Creil (Oise), fabrique 2 800 types de clous différents. C'est un patrimoine qui se transmet de génération en génération, et qui est également mis en valeur lors des visites de l'usine, organisées chaque semaine.
Abdel Elqessouar, salarié de la clouterie Rivierre, confie : « J'ai le sentiment qu'ici, il y a une âme. Tellement de personnes sont passées par ici. Je suis un peu émerveillé. » Après avoir travaillé dans le domaine du numérique, il voulait un travail plus artisanal. Depuis deux ans, il travaille quotidiennement avec des machines datant du 19ᵉ siècle.
« Ce qui me plaît, c'est que ces machines sont tellement anciennes que c'est un défi constant. Il faut trouver le réglage qui donnera une bonne qualité de clous », explique Abdel Elqessouar, régleur sur machine, avec un sourire.
Plus de 3 000 visiteurs ont découvert la clouterie en un an. Une jeune visiteuse s'enthousiasme : « C'est impressionnant de se dire que des gens utilisaient ces machines il y a 100 ans et qu'on les utilise encore aujourd'hui. » Elle est également marquée par le bruit qu'elles produisent. Chaque mercredi, des écoliers et des familles viennent découvrir la clouterie. « On a même des anciens qui ont travaillé ici et qui sont très contents de voir que cela fonctionne toujours », précise Justine Fantoni, en charge des visites.
Un visiteur de la clouterie témoigne : « Je ne m'attendais pas à une telle organisation, une telle usine, un tel passé toujours vivant. » Un habitant venu visiter avec son petit-fils déclare : « Nous sommes enchantés d'avoir fait un pas dans le passé. C'est une usine toujours d'actualité, qui répond à des besoins particuliers, en dehors de la mondialisation. »
Justine Fantoni, chargée du tourisme industriel, estime que ces visites peuvent susciter des vocations : « Aujourd'hui, le numérique est partout. Quand on arrive ici, on voit qu'il y a de la vraie mécanique. Cela peut donner des idées de métiers aux jeunes pour plus tard. »
Bien que la clouterie Rivierre ne rencontre pas actuellement de difficultés de recrutement, elle se préoccupe tout de même de l'avenir. « Je pense qu'on doit mettre en place un transfert de savoir-faire pour assurer le remplacement des ouvriers partant à la retraite. Cela passe par de nouvelles formations », estime Luc Kemp, directeur de l'entreprise. De plus, le savoir-faire de la clouterie est reconnu dans le monde entier, puisque 75% du chiffre d'affaires provient du commerce international.
Avec Rachel Desmis / FTV