Efficacité des dispositifs de lutte contre les îlots de chaleur face à la canicule et au réchauffement climatique.

Lounes

Le Quai des Plantes à Nantes est une pépinière éphémère qui offre un parcours ombragé de 500 mètres. Il fait partie des équipements étudiés dans le cadre du Coolscapes, mené par le laboratoire Ambiances Architectures Urbanités, qui vise à évaluer l'impact des aménagements urbains sur le climat à petite échelle.

Les chercheurs observent attentivement les déplacements des gens dans ces espaces, en étudiant par où ils arrivent, vers où ils vont, comment ils traversent l'espace, s'ils tournent autour des fontaines, s'ils passent par les zones ombragées, etc. Cela leur permet de mieux comprendre comment les gens vivent et utilisent ces espaces.

Ensuite, les chercheurs se déplacent dans ces mêmes lieux avec une station climatique mobile équipée de capteurs, afin de mesurer les températures, l'humidité de l'air, la vitesse et la direction du vent, ainsi que le rayonnement et réfléchi par le sol ou les murs. Ils effectuent ces mesures plusieurs fois par jour, notamment lors des périodes de forte chaleur.

Les résultats de ces mesures montrent des différences significatives de ressenti thermique entre les différents espaces. Par exemple, les différences peuvent atteindre jusqu'à 3 à 4 degrés entre les bords de Loire et les zones ombragées du Quai des Plantes. Les personnes âgées préfèrent généralement les passages ombragés, tandis que les personnes moins vulnérables se répartissent plus uniformément dans l'espace. Ces aménagements peuvent contribuer à éviter les situations de stress thermique en milieu de journée.

Le projet Coolscapes a également effectué des mesures sur la carrière Misery, dans le quartier du Bas-Chantenay à Nantes. Sur ce site, 200 variétés d'arbres ont été plantées, créant un micro-climat abrité du vent et exposé au . Les chercheurs ont comparé différentes zones, notamment celle près de la cascade avec son effet brumisateur et une autre zone très arborée avec des en copeaux de bois. Les résultats montrent qu'il est possible d'atteindre le même niveau de confort thermique dans ces deux zones, avec parfois une réduction de la température ressentie d'environ 6 degrés.

Cependant, il est important de noter que ces aménagements nécessitent des dépenses de ressources, telles que de l'eau et de l'énergie, qui ne sont pas comparables entre les différentes zones. Il est donc nécessaire d'avoir une lecture stratégique de la ville et de choisir les lieux où ces ressources seront utilisées de manière efficace. Il n'est pas nécessaire de rafraîchir toute la ville, mais de cibler les endroits stratégiques.

Le ressenti thermique des piétons peut varier en fonction de la température, mais aussi en fonction des lieux et des trajets. Par exemple, si marchez pendant dix minutes à l'ombre dans un centre-ville ancien aux étroites, vous pouvez très bien marcher trois minutes en soleil sans être en situation de stress. De plus, un lieu qui semble frais peut ne pas être perçu comme tel s'il est précédé et suivi d'une zone chaude, car le de rafraîchissement est trop court.

La méthode de mesure du ressenti des piétons développée par les chercheurs du projet Coolscapes intéresse les municipalités qui font face aux hausses de températures. Les chercheurs continuent leur travail de collecte de données sur plusieurs espaces publics du centre-ville de Nantes, notamment dans le cadre d'une expérimentation de mobiliers « îlots de fraîcheur » menée par le Nantes City Lab.