En Creuse, le sort d'une petite maison de retraite est en jeu. Cela soulève la question du modèle de ces structures et de leur viabilité tant humaine qu'économique.
L'EHPAD du Chabanou est décrit par les proches des résidents et le personnel comme un établissement « formidable » avec des soins d'une qualité « extraordinaire ». Il est considéré comme une structure « à taille humaine » où règne une ambiance « familiale ».
Cependant, depuis son ouverture il y a dix ans, cet établissement de quarante lits n'a jamais réussi à atteindre l'équilibre financier. Il accumule actuellement un déficit de 2,3 millions d'euros. Pour faire fonctionner la structure, il faudrait entre vingt et quarante lits supplémentaires. Ce déficit structurel est connu depuis sa création, mais pourquoi n'avoir prévu que quarante lits ? Selon Jean-Jacques Lozach, sénateur et ancien président du Conseil général de la Creuse, cela était dû à un souci « d'aménagement du territoire ».
La menace de fermeture de cet EHPAD a suscité de nombreux rassemblements et manifestations de soutien, dont un qui a eu lieu le 11 septembre dans plusieurs villes de Creuse. Cependant, nous venons d'apprendre que l'EHPAD du Chabanou ne fermera pas ses portes. Des audits seront réalisés pour trouver des solutions financières à cette situation.
David Penneroux, qui dirige deux EHPAD en Haute-Vienne, a réfléchi à l'économie des EHPAD au niveau national. Selon lui, une structure de petite taille a l'avantage de maintenir les résidents près de leur lieu de vie, mais sur le plan économique, c'est très difficile. Il estime que pour attirer du personnel et être financièrement viable, un établissement ne doit pas avoir moins de 90 à 100 lits. Cela permet d'avoir des compétences complémentaires comme des ergothérapeutes, des psychomotriciens ou des psychologues. Il propose également de mutualiser au maximum les fonctions administratives, les fonctions de soutien et les services techniques entre plusieurs établissements afin d'amortir les coûts. En Haute-Vienne, il est courant de créer des directions communes entre plusieurs EHPAD.
Le cas du Chabanou n'est pas isolé. La vice-présidente du département de la Haute-Vienne en charge de l'accompagnement à la perte d'autonomie, Monique Plazzi, reconnaît que les augmentations du prix de l'alimentation, de l'énergie et des salaires liées au Ségur ont fragilisé les EHPAD. Cette année, le tarif d'hébergement dans les EHPAD publics de Haute-Vienne augmentera de 3,5%, contre 2% en temps normal. Cependant, selon l'élue, cela ne suffira pas à combler les pertes.
Face à cette situation, la Première ministre a débloqué une aide de 100 millions d'euros pour les maisons de retraite dans toute la France. Cependant, cela est considéré comme une « goutte d'eau » alors que le déficit en Haute-Vienne atteint près d'un million d'euros cette année.