La thèse de l'accident causé par un missile sur la caravelle Ajaccio-Nice le 11 septembre 1968 est confirmée, selon les avocats et les représentants des victimes. Cinquante-cinq ans après la catastrophe, le lundi 4 septembre, les représentants des victimes ont rencontré le juge d'instruction chargé de l'enquête.
Il y a eu une nouvelle réunion dans le bureau de la juge d'instruction chargée de l'enquête, et une avancée a été réalisée. Même s'il n'y aura probablement jamais de procès, la magistrate a admis que « tous les éléments convergent vers la thèse d'un tir de missile. » Il s'agirait d'un missile qui aurait accidentellement touché la caravelle Ajaccio-Nice le 11 septembre 1968, provoquant ainsi son crash.
Depuis cinquante-cinq ans, les frères Paoli se battent pour faire reconnaître cette thèse et non celle d'un incendie à bord. « Une seule thèse prévaut, même si des responsabilités personnelles ne peuvent pas être dégagées, et cette thèse est celle du missile. Donc même si nous avons une ordonnance, qui est certes une ordonnance de non-lieu, mais qui au terme d'une argumentation et d'une reprise circonstanciée des éléments d'enquête, nous dit qu'il ne peut y avoir d'autres thèses envisagées, ou que la thèse qui ressort de manière évidente à l'issue des investigations est celle du missile, nous aurons gagné la bataille judiciaire », estime Me Paul Sollacaro, avocat de l'association des parents des victimes de la catastrophe.
Après la catastrophe, une première enquête avait été ouverte et confiée à la police judiciaire de Nice, puis clôturée par une ordonnance de non-lieu le 26 juin 1973. En 2012, suite à une nouvelle plainte, une nouvelle information judiciaire a été ouverte.
« Maintenant on souhaiterait que l'État aussi reconnaisse »
La juge d'instruction a depuis lors enquêté sur le secret qui entoure le crash. Des témoins clés ont été ignorés par la justice, des documents d'archives ont disparu, des recherches de débris ont été effectuées au mauvais endroit, et la boîte noire a été déclarée inexploitable. Ces dissimulations auraient contribué à étouffer la thèse d'un tir de missile accidentel.
Ni satisfait ni déçu, Mathieu Paoli, président de l'association des familles de victimes, indique : « La juge a reconnu que c'était bien un missile qui avait abattu l'avion. Par contre, on souhaiterait que l'État, maintenant, lui aussi, reconnaisse. Comme ça, tous les gens qui sont encore vivants et qui ont perdu quelqu'un dans l'avion pourront enfin faire leur deuil… tant mérité depuis 55 ans. »
Après toutes ces années, l'enquête approche de sa conclusion. Les familles ont le sentiment d'avoir obtenu une vérité judiciaire et espèrent maintenant une reconnaissance politique en préparant la commémoration de la catastrophe le 11 septembre prochain.