Enfant de 4 ans noyée : l’association veut interdire la baignade dans les gorges de Gouleyrous

Angers Mag

Après la noyade d'une enfant de 4 ans dans les gorges de Gouleyrous à Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, une association demande une nouvelle fois la levée de l'arrêté municipal autorisant la baignade sur le site. Pendant près de 17 ans, de 2006 à juin 2023, l'accès au site était interdit pour des raisons de sécurité.

Malheureusement, le timing est loin d'être optimal. En effet, le lendemain de la noyade, soit le dimanche 20 août, l'association Tautavelloise pour l'Information et la Sauvegarde (ATIS) a appris que sa demande d'interdiction de la baignade sur le site, déposée à la mi-juillet, avait été rejetée par le tribunal administratif.

Joseph Genebrier, président de l'ATIS, déplore cette décision en déclarant : « On savait que le lieu était accidentogène. Le précédent maire lui-même disait qu'on ne pouvait pas y assurer la sécurité. On avait même fait deux courriers au préfet où on disait qu'il y avait des risques pour les baigneurs, car il n'y avait aucune surveillance sur place. » Dans un communiqué, il affirme que l'accident était prévisible et souhait d'interdire la baignade dans les gorges.

De son côté, la mairie, qui a autorisé la baignade sur le site en juin dernier, nie toute négligence : « Ce drame n'a rien à avec l'autorisation de baignade », affirme Francis Alis, maire de Tautavel depuis 2020. Il relativise en soulignant que les gorges de Gouleyrous sont un lieu prisé depuis des décennies pour se baigner ou se promener, et qu'il y a malheureusement déjà eu des noyades par le passé, comme partout ailleurs.

La baignade dans les gorges était auparavant interdite depuis un arrêté municipal datant de 2006, pris par l'ancien maire. La mairie justifie ce changement de politique en raison des difficultés à empêcher les touristes d'accéder aux lieux. Outre les problèmes de déchets et de feux, les dégâts causés aux vignes avoisinantes avaient également provoqué la colère de la commune récemment.

La question de savoir si le lieu est aménagé ou non se pose également. Antoine Guihard, directeur général des services à la mairie de Tautavel, explique : « Ça fait des années que les touristes affluent malgré l'interdiction, et les sociaux n'ont fait qu'empirer les choses. Alors on a préféré réglementer plutôt qu'interdire, en concertation avec la préfecture des Pyrénées-Orientales et l'ARS (Agence Régionale de Santé), notamment en installant des toilettes et un parking à il y a années pour endiguer les stationnements sauvages. On s'est battu pour qu'on puisse accueillir les gens sur un parking homologué et régulé », assume le maire.

Cependant, l'association de défense de l'environnement affirme que le lieu est aménagé, ce qui nécessiterait donc une surveillance de la part de la commune. Le président de l'ATIS soutient : « Par convention, la commune a confié la surveillance au gestionnaire du parking, alors que c'est à elle d'assurer la sécurité des baignades aménagées. » Cette argumentation n'a pas convaincu le tribunal administratif qui a rendu sa décision le 17 août dernier en affirmant que la baignade est non-surveillée et n'a pas à l'être puisque le lieu n'est pas aménagé.

Outre les questions de sécurité, l'association s'inquiétait également des questions sanitaires, car les gorges de Gouleyrous sont une source d'eau potable. La commune affirme avoir pris des précautions en doublant le nombre de contrôles sanitaires depuis juin dernier pour garantir la sécurité des baigneurs et de la captation d'eau. « L'ARS fait des analyses tous les ans et les dépassements de seuil de bactéries sont ultra-rares », se défend le directeur général des services de la mairie de Tautavel.

Suite au décès survenu dimanche, l'ATIS, qui a jusqu'au 17 septembre prochain pour confirmer la procédure sur le fond, envisage de porter plainte et d'aller voir le tribunal judiciaire. Joseph Genebrier espère que cela permettra de mettre en lumière les manquements de la collectivité territoriale.