Enquête continue sur le crash Ajaccio-Nice : familles victimes reçues par le juge

Lounes

La justice enquête sérieusement sur la thèse d'un tir de missile dans l'affaire de la disparition du Ajaccio-Nice en septembre 1968. À Nice, les autorités enquêtent sur possible dissimulation de preuves.

La thèse d'un tir de missile devient de plus en plus crédible dans l'affaire du crash de « la Caravelle », un vol de la compagnie Air France entre Ajaccio et Nice qui a disparu en septembre 1968. Aujourd'hui, la thèse officielle d'un incendie à bord est remise en question et la thèse d'un tir de missile accidentel de l'armée française est évoquée.

Le 11 septembre 1968, jour de la tragédie, l'armée effectuait des exercices en mer du Cap d'Antibes, où le crash a eu lieu.

À Nice, à quelques jours du 55ème anniversaire du crash qui a coûté la vie aux 95 passagers de ce vol touristique, la justice enquête sur une éventuelle dissimulation de preuves par les autorités françaises.

Ce mardi 4 septembre, les familles des victimes et leurs avocats ont été reçus par le juge chargé de l'enquête au tribunal judiciaire de Nice. Depuis plus de cinquante ans, Mathieu Paoli, dont les deux parents ont péri dans l'accident, justice. Il confie : « C'est pour toutes les familles qui étaient dans l'avion qu'on travaille, ce n'est pas spécifiquement pour nos parents. » Il regrette également que chaque année, des personnes partent sans connaître la vérité sur ce qui s'est réellement passé.

Une enquête pour dissimulation de preuves est en cours afin de démontrer la volonté des autorités françaises de cacher la vérité. La disparition de débris d'avion pendant l'enquête est notamment pointée du doigt.

Maître Philippe Soussi, avocat des parties civiles, soulève les d'ombre de l'enquête menée après la disparition du vol. Il demande : « Personne n'a demandé, entre 1968 et 1973, où étaient passées les boîtes noires. Est-ce que vous imaginez qu'une chose comme ça puisse se produire aujourd'hui en France ou en Europe, en 2023 ? »

Il est impossible de considérer que le crash de la Caravelle ait pu être causé par autre chose qu'un missile, affirme Maître Philippe Soussi, avocat des parties civiles.

Des témoignages récents soutiennent également la théorie d'un tir de missile sur l'avion. En 2022, un documentaire diffusé sur France 2 a révélé le témoignage de Jean-François Saint-Perrier, un militaire qui se trouvait à bord d'un lance-missile de la marine française, stationné à Toulon le jour du drame. Il confirme qu'un missile a été tiré avant le crash : « On a tiré le missile avant le crash. Je peux être catégorique parce que j'y étais. Un quart d'heure après, on nous a dit d'aller sur les lieux parce qu'une Caravelle s'était crashée. Nous y sommes allés pour retrouver des rescapés et récupérer des débris ».

La plupart des acteurs de cette tragédie ont aujourd'hui disparu, ce qui empêche la tenue d'un procès. Maître Paul Sollacaro, le second avocat des parties civiles, avance : « Restera la bataille politique ». Il affirme que cette bataille sera remportée lorsque le de la République, un conseiller ou le ministre de la Défense reconnaîtra ce que la justice a reconnu et ce que l'opinion publique considère comme une vérité, à que la Caravelle a été frappée par un missile.

L'association des victimes a demandé plusieurs fois une plongée autour de l'épave de l'avion, située à 2 300 mètres de au large d'Antibes, mais ces demandes n'ont pas abouti en 2014 et en 2020.