Une enquête menée auprès de 388 chefs d'entreprise d'Ille-et-Vilaine révèle que la moitié d'entre eux estiment avoir besoin de terrains pour développer leur activité. De plus, 80% anticipent devoir trouver des terrains dans les cinq prochaines années pour pouvoir s'agrandir. Cette volonté de développer leurs entreprises risque cependant de se heurter à la nouvelle loi contre l'artificialisation des sols.
La chambre de commerce et d'industrie d'Ille-et-Vilaine a interrogé les chefs d'entreprise sur leurs besoins fonciers. Parmi les 388 répondants, plus de la moitié travaillent dans le secteur du BTP, de l'industrie ou du commerce de détail. Ils emploient en moyenne 42 salariés. Selon les résultats de l'enquête, 52,4% des entrepreneurs estiment que le manque de foncier pourrait les contraindre à abandonner des projets de développement. Parmi eux, 49% déclarent avoir déjà renoncé à un projet pour cette raison par le passé. L'enjeu des surfaces disponibles est donc crucial pour ces entrepreneurs.
L'artificialisation des sols consiste à transformer des sols naturels ou agricoles en sols urbanisés, pour des infrastructures d'habitat, d'activités, de commerces, etc. Cette transformation a pour conséquence la réduction des espaces naturels et agricoles. Entre 2006 et 2016, en France, une moyenne de 20 000 hectares de terres ont été artificialisées chaque année, sans compter les infrastructures de transport. Cette perte de surface a un impact sur la capacité à nourrir la population.
La loi de 2021 vise à diviser par deux la consommation des terres d'ici 2030, avec pour objectif ultime zéro artificialisation nette des sols d'ici 2050. Le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires souligne que l'artificialisation est néfaste pour la biodiversité, le climat et la vie terrestre en général. Une carte interactive a été mise en ligne pour visualiser la consommation d'espace naturel et agricole par commune dans le pays.
La Bretagne est pointée du doigt en matière d'artificialisation des sols. La construction de maisons, notamment par le biais de lotissements, contribue à cet étalement urbain qui fragmente le paysage. Certains élus locaux n'ont pas régulé les demandes de constructions de leurs administrés. Cependant, certaines communes font des efforts pour limiter leur consommation de surface et craignent désormais de ne plus pouvoir se développer à l'avenir.
Benoît Cabanis, chef d'entreprise et élu à la chambre de commerce et d'industrie d'Ille-et-Vilaine, a déménagé l'une de ses usines pour avoir plus d'espace de stockage. Il souligne l'importance de pouvoir stocker en cette période de volatilité des prix. L'Ille-et-Vilaine est l'un des premiers départements français à avoir réalisé un inventaire de son occupation du sol, conformément à la loi qui impose cette démarche à tous les territoires.
Les chefs d'entreprise d'Ille-et-Vilaine souhaitent faire entendre leur voix sur la question de l'artificialisation des sols. Ils se disent convaincus de la nécessité de réduire celle-ci, mais redoutent une raréfaction du foncier disponible pour leurs entreprises. Ils demandent à être associés aux décisions concernant la réhabilitation ou la transformation des zones d'activité. Certains chefs d'entreprise envisagent de déménager s'ils ne trouvent pas de surface adaptée à leur projet de développement, mais 63% d'entre eux ne comptent pas quitter la région même dans cette situation.