Depuis la légalisation définitive de cette molécule par le Conseil d'État l'année dernière, le marché a explosé. Des boutiques ouvrent partout et les laboratoires pharmaceutiques s'y intéressent. OGreenLab, une jeune entreprise de Vire, dans le Calvados, souhaite saisir cette opportunité en cultivant le premier CBD normand. La récolte a démarré près de Vire.
L'odeur est saisissante, puissante. Ce n'est pas vraiment le parfum habituel du bocage. Le chanvre semble cependant s'épanouir en terre normande, malgré les caprices de la météo qui ont quelque peu perturbé cette première campagne.
Ainsi, Brian Piéplu retire, avec ses gants, les parties abîmées de certaines plantes, à l'image d'un vigneron avec ses grappes. « C'est de l'agriculture », confirme-t-il.
OGreenLab est la plus grande exploitation familiale et agricole de CBD en Normandie. Brian Piéplu, accompagné de ses deux frères, Joss et Mégan, ainsi que de leur neveu, Stanislas, se sont implantés à Amayé-sur-Seulles (Calvados) en 2019, avec une première production en 2021. Ils ont rapidement dû investir, avec l'aide d'un partenaire avisé, et trouver un deuxième site à Vire, dans une ancienne exploitation horticole, pour développer leur production.
Depuis la décision du Conseil d'État fin 2022, tous les feux sont au vert pour développer ce cannabis non psychotrope, plus connu sous le nom de CBD. Le flou juridique entourant sa culture, sa vente et sa consommation s'est dissipé. Même l'Assurance maladie indique sur son site que « le cannabidiol (CBD) non médical est autorisé en France, car il n'est pas considéré comme un stupéfiant, ni un psychotrope. »
Un marché en pleine expansion en France et en Europe
OGreenLab peut donc envisager l'avenir avec optimisme. L'an dernier, l'entreprise a récolté 250 kg de CBD rien qu'à Amayé-sur-Seulles. Pour sa troisième récolte, la famille Piéplu vise 1,5 tonne grâce au site de Vire. 1800 pieds de chanvre s'épanouissent sous la serre et nécessitent des renforts. Un salarié a été embauché et un étudiant en BTS horticole va rejoindre l'entreprise en alternance, sans compter les stagiaires. En effet, le CBD demande une surveillance constante.
La récolte est séchée en un lieu tenu secret, car cette plante suscite des convoitises vu l'explosion de la demande. La jeune entreprise normande est submergée par les demandes des particuliers, des boutiques, des enseignes horticoles, voire même de l'industrie pharmaceutique qui s'intéresse aux vertus de cette plante connue pour ses effets relaxants. « Plus le temps de séchage est long, plus les arômes et la qualité de la fleur seront présents. Dans le CBD, il faut être patient », explique Megan Piéplu, co-fondatrice d'OGreenLab.
OGreenLab a été pionnière en Normandie, mais d'autres agriculteurs cultivent du chanvre dans la région, souvent en complément d'une autre culture. Le syndicat professionnel du chanvre recense en France 2000 magasins de CBD et 800 producteurs français.
Selon l'Association française des producteurs de cannabinoïdes (AFPC) : « La France est l'un des pays européens les plus consommateurs de CBD, et la demande ne fait qu'augmenter. »