À Strasbourg, de nombreux étudiants français et étrangers, qu'ils soient en première année ou en master, rencontrent des difficultés pour trouver un logement. La situation devient de plus en plus compliquée et entraîne parfois une rentrée universitaire morose. Plusieurs témoignages le confirment.
Samuel Morizot est l'un des étudiants concernés. Il a dû prendre toutes ses affaires ce matin même en quittant le domicile de ses parents à Parthenay. Après avoir trouvé une place éphémère dans un dortoir de six lits d'une auberge de jeunesse, il se rend compte qu'il ne pourra pas se permettre de payer les 40 euros par nuit très longtemps. Il est donc à la recherche urgente d'une coloc ou d'un airbnb abordable.
Samuel a déjà vécu à Strasbourg pendant une année, mais il a dû quitter son appartement fin juin car le loyer était trop élevé pour lui. Cette année, sa recherche de logement s'est avérée désastreuse. Il n'y avait aucun appartement disponible et ceux qui se libéraient étaient pris en une heure seulement. De plus, étant à distance, il n'a pas pu visiter les logements en personne, les propriétaires n'acceptant pas les visites virtuelles.
Cette situation est loin d'être confortable pour commencer une année universitaire. Samuel devra trouver une place de parking, stocker sa télévision et ses objets de valeur chez un ami, et continuer à chercher un logement avant et après les cours. Heureusement, il a réussi à trouver une coloc à partir du 29 septembre, ce qui devrait lui faciliter la vie pour le reste de l'année universitaire.
Il est intéressant de souligner que l'association des étudiants de Strasbourg, l'AFGES, a mis en place des logements d'urgence pour les étudiants dans la même situation que Samuel. Du 22 août au 15 octobre, 27 lits d'urgence sont disponibles gratuitement sur demande. Il y a 20 lits dans trois dortoirs de l'auberge de jeunesse The People et 7 lits dans un hôtel à Illkirch. Les étudiants peuvent y séjourner le temps de trouver un logement, mais pour une durée maximale de 10 jours. Cependant, cette semaine, tous les lits sont occupés et la liste d'attente est longue.
Mohammed Margoum est l'un des étudiants qui bénéficient de ce dispositif. Il est arrivé à Strasbourg le 21 août pour chercher un logement, mais n'a malheureusement pas réussi à en trouver un. Les 10 jours offerts par l'AFGES lui permettent de chercher plus sereinement. Il vient de répondre à une annonce mais n'est pas satisfait des conditions, le logement étant éloigné des transports en commun et trop cher (400 euros pour une coloc). Il continue donc ses recherches sur différents sites spécialisés, mais déplore la présence de nombreuses arnaques qui ralentissent son processus de recherche.
De leur côté, Abdou et Cheikhouna marchent dans la rue de Zurich avec un papier en main, à la recherche de l'association L'Etage, qui vient en aide aux jeunes de moins de 25 ans. Ils viennent d'arriver du Sénégal et Cheikhouna n'a pas encore trouvé de logement. Abdou, qui a réussi à trouver un logement, l'aide dans ses recherches. Pour Cheikhouna, il est difficile de se concentrer sur ses études lorsqu'il sait qu'il n'a pas de logement fixe. Il loge actuellement chez une connaissance, mais sa situation ne peut pas durer éternellement.
Il existe également une autre initiative solidaire mise en place par le bureau des élèves de l'INSA. Ce dernier propose une aide ponctuelle aux étudiants sans logement, mais uniquement pour le mois de septembre. Le projet « Le squat » met en relation les étudiants en colocation avec ceux qui sont à la recherche d'un logement. L'idée est de demander aux étudiants en colocation d'accueillir temporairement un camarade sur leur canapé pendant une durée maximale de deux semaines. Actuellement, huit élèves de l'INSA sont hébergés de cette façon, mais trois ou quatre étudiants sont encore en attente. Trouver des colocations prêtes à jouer le jeu est la principale difficulté rencontrée.
Enfin, Eva a réussi à trouver un logement près de la Laiterie après une longue recherche. Elle a dû rendre son appartement en résidence étudiante privée car le loyer était trop élevé. Elle a cherché tous les jours pendant quatre mois, depuis mai. Finalement, elle a trouvé un appartement plus spacieux au même prix, passant de 18m² à 42m². Cependant, elle doit travailler pendant les vacances pour se permettre de payer un logement aussi cher.
La recherche d'un logement n'a jamais été aussi difficile pour les étudiants strasbourgeois lors de cette rentrée universitaire 2023.