Evacuation imminente des exilés des Gayeulles : identité et avenir en question

Angers Mag

Le Tribunal administratif de Rennes a ordonné l'évacuation du camp de personnes exilées situé dans le parc des Gayeulles, suite à une demande de la ville. Les sans-papiers et sans-abri qui y résident ont jusqu'au vendredi 15 pour quitter les lieux. En cette période de l'année, des centaines de personnes exilées se retrouvent à dormir dans des tentes, notamment dans les parcs et jardins de la métropole rennaise. Chaque année, la ville demande le démantèlement de ces camps en de l'insalubrité et de l'insécurité qui y règnent.

Selon la préfecture, il y a actuellement 135 personnes dans le camp, tandis que les associations estiment le nombre à 218, dont 57 enfants. Ces personnes viennent de différents pays tels que la Géorgie, l'Albanie, l'Afghanistan, le Pérou, l'Afrique ou encore la Mongolie. Elles ont fui des conflits armés ou la misère dans l'espoir d'un avenir meilleur. Beaucoup ont déposé une demande d'asile en France, mais doivent attendre une réponse de la préfecture. En théorie, elles ont droit à un hébergement, mais les dispositifs d'hébergement d'urgence sont saturés et l'État ne garantit pas leur mise à l'abri.

Certains migrants ont déjà été déboutés et ont reçu une obligation de quitter le territoire français. Ils tentent maintenant d'obtenir un titre de séjour, mais ne peuvent bénéficier de la mise à l'abri prévue par la loi et ne sont pas autorisés à travailler.

Le camp des Gayeulles a été choisi par ces personnes car il dispose de points d'eau et de quelques bâtiments en dur, notamment les vestiaires d'un club de rugby. Les associations les dirigent naturellement vers ce parc pour faciliter la distribution alimentaire, l'accès à l'eau et aux sanitaires.

Malgré la mobilisation des associations et des services municipaux, les conditions de vie dans le camp sont précaires et l'hygiène se détériore de jour en jour. Pour que la préfecture prenne enfin ses responsabilités en matière d'hébergement d'urgence, la ville de Rennes a demandé la fermeture du camp au tribunal administratif.

Selon les associations, la préfecture va proposer des solutions d'hébergement à 114 personnes, mais aucun détail n'a été donné sur le type de logement, leur localisation ou la durée de la mise à l'abri. La ville de Rennes de prendre en charge vingt autres personnes. Cependant, une centaine d'exilés se retrouveront à la .

Les services préfectoraux financent environ 1 500 places d'hébergement, mais cela ne suffit pas. La ville de Rennes héberge à elle près de 1 000 personnes. Chaque jour, le 115, qui gère l'hébergement d'urgence, ne peut pas répondre favorablement à 85% des demandes. Selon les bénévoles qui accompagnent depuis des années les personnes exilées, la situation restera compliquée tant que l'État ne régularisera pas davantage de personnes. Les services d'hébergement d'urgence sont saturés et il n'y a pas de turn-over car il n'y a pas de régularisation. Ces personnes ne peuvent pas travailler, un logement ou subvenir à leurs besoins, et restent donc dépendantes des associations et de la solidarité.

La circulaire Valls de 2012 permet pourtant la régularisation des familles présentes depuis au moins 5 ans sur le territoire français et dont les enfants sont scolarisés depuis plus de 3 ans. Dans la région Bretagne, de nombreuses familles se trouvent dans cette situation. En 2021, 4 000 personnes ont obtenu le statut de réfugié en Bretagne, dont 1 300 en Ille-et-Vilaine. Cependant, en moyenne, demandes d'asile sur dix sont rejetées.