Familles refusent de réintégrer logements après incendie mortel à l’Île-Saint-Denis

Angers Mag

Près de vingt et un jours après le tragique incendie qui a coûté la vie à trois personnes dans un immeuble résidentiel à l'Île-Saint-Denis, certains locataires sont appelés à la tour. Cependant, en raison du choc psychologique et de problèmes de sécurité, certaines familles refusent de retourner dans leurs logements.

L'association Droit au logement (DAL) tire la sonnette d'alarme : « Des familles locataires de la tour Thorez victimes de l'incendie meurtrier sont à la . Elles et ils refusent de réintégrer leurs logements dans la tour. Elles occupent actuellement la loge du gardien depuis hier et demandent la garantie d'un hébergement stable jusqu'au relogement pour toutes les familles », explique l'association sur X (ex-Twitter).

Alors que l'enquête sur l'incendie survenu le 19 août dernier à l'Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) semble se diriger vers la piste criminelle, les habitants expriment leur inquiétude.

« Depuis l'incendie, les hébergements étaient en charge par le bailleur. Depuis ce matin, l'hébergement à l'hôtel n'est plus pris en charge pour la majorité des familles entre le 1er et le 7e étages. On leur dit de rentrer dans l'immeuble. De nombreuses familles sont concernées, il y a quatre logements par étage », explique Marie Huiban, membre du DAL Plaine Commune.

Elle souligne également la question du choc psychologique : « Il y a d'abord la question du choc psychologique, c'est le deuxième incendie vécu en deux ans dans la tour. C'est un traumatisme, il y a eu trois morts. Les enfants ne pas y retourner », alerte-t-elle.

Les familles dénoncent également un manque de garanties sur la sécurité. « Le bailleur ne s'engage pas directement, il communique juste des rapports de sociétés extérieures. Certains habitants n'ont reçu les expertises qu'hier. (…) Sur le diagnostic de la structure, c'est très succinct, c'est juste garanti qu'il n'y a pas de péril imminent. Il n'y a rien sur les portes coupe-feu. Il n'y a pas d'expertise sur la sécurité incendie. Pour certains locataires, GRDF n'est pas en mesure d'attester la conformité des installations électriques, et il est indiqué qu'il y aura des fois que les habitants seront revenus », précise Marie Huiban.

Les problèmes d'ascenseurs sont également pointés du doigt par les locataires. « Il y a par ailleurs des problèmes d'ascenseurs dont les locataires se plaignent depuis longtemps. On aurait dû laisser aux habitants le choix de pouvoir vivre ailleurs. Depuis l'incendie, les familles doivent déjà régulièrement changer d'hôtels », déplore Marie Huiban.

Elle dénonce plus largement le manque de logements sociaux et souligne la complexité du marché hôtelier en raison de la Coupe du monde de rugby. « Le bailleur et l'Etat devraient assurer une stabilité de l'hébergement. Pour les locataires entre le 8e et le 12e étage, les propositions de relogement sont très éloignées. Les habitants ne sont pas écoutés et sont traités avec mépris. Il y a eu un drame, il faut des mesures exceptionnelles », explique-t-elle.

Un locataire du 12e étage exprime également sa colère : « Ils proposent à nos voisins de revenir dans l'immeuble. Je suis en colère. Je propose au bailleur de prendre notre place, pour voir s'ils sont capables d'habiter dans un bâtiment comme ça. »

Certains locataires demandent également un relogement rapide, après avoir déjà changé d'hôtels à plusieurs reprises depuis l'incendie. « Pour notre étage, le bailleur a l'obligation de nous reloger. C'est trop dangereux. Mais nous en sommes à notre troisième hôtel, c'est très fatigant, très pesant. On demande à trouver un appartement le plus rapidement possible, ça fait déjà trois . Nous n'avons reçu aucune proposition pour l'instant. Le bailleur nous dit de patienter », explique un habitant.

à l'incendie, une information judiciaire a été ouverte contre X pour dégradation ou détérioration par un moyen dangereux pour les personnes ayant entraîné la mort ou une incapacité de travail supérieure à huit jours. Le sinistre a coûté la vie à trois personnes : une femme née en 1976 et son fils né en 2009, ainsi qu'une jeune femme porteuse de handicap mental, née en 1997.

Le bailleur Seine-Saint-Denis Habitat n'était pas joignable pour commenter cette situation.