Femmes enceintes : trop d’alcool, médecin alarmé

Lounes

Selon une étude, 22 % des femmes déclarent avoir consommé de l'alcool pendant leur grossesse en Normandie. Un chiffre alarmant pour le Dr Denis Lamblin, qui tire la sonnette d'alarme.

Selon l'enquête Opinion Way 2023 sur l'évolution des connaissances et des comportements concernant la consommation d'alcool pendant la grossesse, les chiffres en Normandie sont alarmants.

Trois questions au Dr Denis Lamblin, pédiatre à la retraite, qui est à l'origine du logo femme enceinte sur les bouteilles d'alcool depuis 2007.

Il est également le président de l'association SAF France, qui œuvre pour la reconnaissance, la prévention et l'accompagnement du Syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF) et des Troubles causés par l'alcoolisation fœtale (TCAF).

Quelle est la situation en Normandie ?

« Selon l'enquête Opinion Way 2023, réalisée sur 1 001 parents d'enfants de moins de trois ans, 22% des femmes déclarent avoir consommé de l'alcool pendant leur grossesse et 4% au moins une fois par semaine. Ce sont les chiffres pour la Normandie, qui correspondent à la moyenne nationale.

C'est énorme. Il y a environ 650 bébés qui naissent chaque année en Normandie avec un cerveau altéré par l'alcool. Tout cela être éé. Il y a une méconnaissance des risques. »

sont les risques de l'alcool pour le fœtus ?

« Il y a des risques de fausse couche, d'épilepsie, de pathologies psychiatriques, de troubles cognitivo-comportementaux mais aussi de malformations cardiaques. L'alcool est plus dangereux que le tabac, le cannabis, la cocaïne… Je ne dis pas que c'est bon non plus mais en fait, c'est l'éthanol qui est très mauvais car il passe directement dans le placenta, sans aucun filtre. Le bébé boit comme la maman, il a exactement le même taux d'alcool qu'elle.

L'éthanol s'attaque directement aux cellules du cerveau. On prédispose son bébé à près de 400 maladies. Et ce sont souvent des bombes à retardement car l'alcoolisation fœtale peut engendrer des troubles beaucoup plus tard dans l'enfance, voire adolescence : échec , difficultés de raisonnement ou de contrôle de ses émotions…

C'est très souvent que le diagnostic est tardif. Quand un enfant a des difficultés scolaires, on doit se poser la question de l'alcoolisation fœtale. »

Comment diminuer le nombre de bébés touchés par ce fléau ?

« Cela doit passer par une meilleure prévention et une meilleure compréhension des conséquences. Je suis sûre qu'aucune future mère n'accepterait de prendre un médicament interdit pendant la grossesse. Il faut se dire qu'un verre d'alcool, c'est comme si elle prenait un quart de ce médicament…

Même si la femme enceinte boit modérément, elle prend un risque. Cela ne va pas toucher à chaque fois mais c'est la loterie. Il suffit que cela le jour où c'est la zone de la lecture est en train de se construire dans le cerveau, un verre d'alcool et tout est altéré.

Il reste encore une population à convaincre, qui a pris de mauvaises habitudes. Tout le monde doit être responsable, que ce soit les mamans, les papas, les producteurs de boissons, les médecins, l'État, les médias… Nous devons tous faire passer ce message.

Il faut savoir que seulement 31% des Normands s'estiment bien informés sur le sujet. Il y a donc encore un gros de prévention à faire. »

Plus d'informations sur le site de SAF France.