Fortes chaleurs : décompensation rapide et soudaine, avertit le docteur Alexandre Aranda, médecin du sommeil

Lounes

On observe actuellement en Occitanie une vague de chaleur exceptionnelle cet été. Les températures record sont atteintes aussi bien en journée qu'en soirée, comme l'indique le thermomètre qui affichait hier soir à Perpignan 29°C. Cette canicule a un impact sur notre cerveau, perturbe notre sommeil et influence notre comportement. Le docteur Alexandre Aranda, médecin spécialisé dans le sommeil et neurologue à Toulouse, répond à nos questions concernant cette situation.

Selon les experts, cette situation exceptionnelle risque de se reproduire fréquemment à l'avenir. Le dernier rapport du Giec met en lumière le fait que certaines zones se retrouveront particulièrement exposées à la chaleur (arc méditerranéen, couloir rhodanien, vallée de la Garonne) et pourraient connaître jusqu'à 90 nuits tropicales par an.

Ce mardi 22 août, à midi, 10 nouveaux départements d'Occitanie sont passés en rouge, dont la Haute-Garonne.

Depuis dimanche 20 août, les records de sont battus tant le jour que la nuit. Ce phénomène a des conséquences sur notre cerveau et notre comportement. Le docteur Alexandre Aranda, du sommeil et neurologue à Toulouse, répond à nos questions à ce sujet.

Les températures extrêmement élevées de cette canicule altèrent rapidement, en quelques heures seulement, les capacités physiologiques diurnes et nocturnes, et ce, peu importe l'âge. Il est prouvé scientifiquement que chaque augmentation de degré, notamment la nuit, réduit la capacité de récupération lors du sommeil, tant en termes de durée que de qualité. Ainsi, le sommeil devient moins réparateur, engendrant des signes inhabituels tels que la difficulté à se réveiller, la fatigue et les maux de tête. On peut également noter des difficultés à s'endormir, des réveils plus fréquents et plus longs.

Le fonctionnement du cerveau, du système cardiovasculaire et métabolique est le premier impacté chez toutes les personnes, et cela peut avoir des effets majeurs et soudains, particulièrement aux extrémités de la vie et chez les personnes en situation de handicap ou de fragilité. Les capacités physiques sont réduites, entraînant une fatigue accrue et un risque élevé de déshydratation. Les autres nuisances, comme les piqûres de moustiques, s'accumulent, rendant le sommeil non réparateur la nuit ou lors des siestes diurnes.

Est-ce que ces fortes chaleurs peuvent provoquer chez certaines personnes des troubles neurologiques ou du comportement ? Si oui, lesquels ?

Effectivement, les fortes chaleurs peuvent entraîner une décompensation rapide et soudaine chez les personnes en situation de fragilité, de handicap et/ou souffrant de maladies chroniques, mais aussi chez les jeunes enfants et les personnes âgées.

Pour les personnes d'âge moyen, le risque est principalement présent en cas de non- des consignes de pendant la canicule, notamment lors d'activités sportives ou d'expositions prolongées à l'extérieur.

Le fonctionnement du cerveau, du système cardiovasculaire et métabolique sont les premiers impactés, entraînant l'apparition de symptômes tels que la confusion, la perte de repères, des troubles de l'attention, une grande fatigue, des maux de tête, des problèmes de vision floue, de l'essoufflement, des douleurs thoraciques et musculaires, ainsi que des crampes.

Pour les personnes atteintes de maladies chroniques, ces conditions météorologiques peuvent aggraver les symptômes déjà connus de leur maladie et potentiellement déclencher des décompensations. En cas d'apparition de ces troubles, il est nécessaire de renforcer immédiatement les mesures de prévention et de contacter les services médicaux d'urgence, tels que le SAMU, pour une prise en charge adaptée.

Quelles sont vos recommandations ? Quels gestes adopter pour ces personnes ainsi que pour leurs ?

En cas de canicule, il est essentiel de mettre en place des mesures d'accompagnement dès que possible. Il est recommandé d'augmenter l'hydratation habituelle en buvant régulièrement de l'eau, sans attendre d'avoir soif, en évitant les boissons sucrées qui ne sont pas adaptées. Il est également conseillé de limiter les repas copieux, d'opter pour des collations légères et fréquentes, et de se protéger de la chaleur soi-même, ainsi que ses proches et son environnement.

Pour favoriser un bon sommeil et une bonne récupération, il est important de privilégier un temps de sommeil suffisant dans une pièce fraîche (idéalement proche de 19°C) et bien aérée. Une sieste en début d'après-midi est recommandée, d'une durée maximale de 20 à 30 minutes, dans un endroit frais et à l'ombre. Il est préférable d'éviter les longues siestes et celles en plein soleil.

En ce qui concerne les personnes fragiles de notre entourage, il est primordial de rester en contact avec elles et de leur proposer notre aide. Il est important de veiller à ce qu'elles s'hydratent suffisamment et se nourrissent de manière adaptée, ainsi que de les assister dans leurs courses. Il convient d'éviter les déplacements non essentiels pour ces personnes fragiles et de leur fournir une assistance si nécessaire.