Vincent en avait assez de ne pas pouvoir dormir chez lui à cause de la chaleur intense. Ce soir encore, alors que Toulouse bat des records de chaleur, il devra passer la nuit à l'hôtel, dans une chambre climatisée, à quelques centaines de mètres de chez lui. C'est ironique pour un écologiste, mais ce cas n'est pas isolé.
Vincent n'a pas de problèmes de santé, mais dans son appartement près du centre-ville de Toulouse, l'air devient irrespirable et il est impossible de dormir la nuit. Il raconte : « Mon lit était comme une piscine ! Entre la chaleur et le bruit, je ne pouvais plus continuer comme ça. » Malgré ses faibles moyens, il n'a pas trouvé d'autre solution que de réserver une chambre d'hôtel dès mardi soir, en prévision de la journée chaude d'aujourd'hui.
Avant cela, Vincent a essayé de trouver refuge chez des amis. Il a lancé un appel sur les réseaux sociaux pour trouver un endroit frais où dormir. Malheureusement, en cette période estivale, de nombreuses personnes sont en vacances à la recherche de fraîcheur. Vincent n'a trouvé aucune solution, et résigné, il a décidé de se rendre à l'hôtel. Il confie : « Au final, je me suis dit que pour quelques nuits, j'allais payer une chambre. Dormir à l'hôtel quand on est près de chez soi, c'est quand même étrange. »
Un de ses amis lui a répondu depuis le sud de l'Espagne, comprenant bien ce que signifie la canicule. Ils ont pu échanger et discuter de la situation.
Depuis 2018, Vincent est locataire d'un appartement toulousain des années 50, qui n'est pas isolé et mal traversant. Quand il est arrivé, il y avait des travaux dans sa rue, y compris la nuit. C'était déjà pénible, mais maintenant c'est insupportable. Il a très mal dormi les nuits précédentes, en sueur. Le ventilateur fait trop de bruit, donc il a dû laisser les fenêtres ouvertes. Il dit : « J'ai un sommeil profond habituellement, mais là c'est impossible : trop de chaleur et trop de bruit. Même l'an dernier, ce n'était pas aussi gênant. J'ai atteint ma limite psychologique. »
Au réveil, fatigué par le manque de sommeil, Vincent doit aller travailler dans un café pour préparer ses cours de rentrée. Ses parents l'aident financièrement car cela a un coût, mais il ne peut pas mettre sa santé en danger.
La seule solution pour lui est de se réfugier à l'hôtel. Il refuse d'utiliser la climatisation pour des raisons écologiques, et le canapé est trop chaud. Vendredi, son rafraîchisseur d'air commandé en ligne devrait arriver, mais il ne retournera pas dans son appartement avant dimanche ou lundi, lorsque l'épisode de canicule sera passé.
En arrivant à l'hôtel Alizé, Vincent est soulagé de trouver de l'air frais. Le gérant explique : « Nous venons d'installer une climatisation de 50 000 € dans cet hôtel. Jusqu'à l'année dernière, nous n'avions que 7 chambres climatisées. Maintenant, toutes les 17 chambres en sont équipées. » Cependant, en entrant dans sa chambre, Vincent réalise que la climatisation n'était pas allumée et qu'il fait plus de 27°C.
Le cas de Vincent est loin d'être unique, confirme le gérant de l'hôtel Alizé. Depuis la fin de la semaine dernière, de nombreuses personnes réservent des chambres pour échapper à la chaleur chez elles et retrouver un sommeil paisible. Frédéric Michel, président de la branche hôtellerie de l'UMIH, explique : « Chaque année pendant l'été, nous avons ce type de réservations. Ce n'est pas étonnant. »
Le parc hôtelier de Toulouse a été largement rénové, et plus de 75% des hôtels sont maintenant climatisés.
Quant à Vincent, après une bonne nuit de sommeil à l'hôtel, il retrouvera son appartement en fin de semaine lorsque les températures seront plus supportables. Cependant, il envisage déjà de quitter cet appartement et peut-être même la ville de Toulouse. Il a repéré des endroits plus frais, près des Pyrénées, dans le Lot ou l'Aveyron. Cette situation l'inquiète, mais il ne peut plus mettre sa santé en danger.