Quarante compagnons sans-papiers de la communauté Emmaüs de Grande-Synthe, dans le Nord, sont entrés en grève illimitée le mardi 22 août pour dénoncer les conditions de travail qu'ils estiment indignes. Ils rejoignent ainsi le mouvement initié il y a 53 jours par les compagnons sans-papiers de Saint-André-lez-Lille.
Selon l'Union départementale de la CGT Nord, 40 compagnons sans-papiers de la communauté Emmaüs de Grande-Synthe dans le Nord se sont mis en grève le mardi 22 août. Cette information a été confirmée par la secrétaire générale de l'Union locale du syndicat à Dunkerque, Christelle Veignie, qui indique qu'un rassemblement est prévu le mercredi 23 août à 10h devant le site.
Tout comme les 20 sans-papiers d'Emmaüs à Saint-André-lez-Lille en grève depuis 53 jours, les compagnons de Grande-Synthe dénoncent des conditions de travail déplorables et inacceptables au sein de leur communauté Emmaüs.
Depuis le début du mois de juillet, des compagnons de la communauté Emmaüs de la Halte Saint-Jean à Saint-André-lez-Lille, dans le Nord, sont en grève illimitée. Ces étrangers en situation irrégulière ont rejoint la communauté en espérant être régularisés après trois ans de travail. Mais les conditions de travail sont considérées comme difficiles à supporter. « L'esclavage est un gros mot que l'on ne doit pas prononcer, mais malheureusement dans nos situations, on est vraiment des esclaves », dénonce Happy Patrick, une sans-papiers ayant rejoint la communauté depuis 5 ans. « Ici, on fait 40 heures par semaine. Quel individu dans ce pays accepte 150 euros par mois pour ça ? », fustige Ibrahima Yattara, compagnon également depuis 5 ans.
Les compagnons se plaignent également des humiliations et du racisme de la part de la direction, sans jamais voir leur demande de régularisation aboutir. « Nous avons été rabaissés ici, nous avons toujours été sujets à des propos racistes lorsqu'on n'était pas d'accord, on était toujours rappelé à notre couleur, à nos origines », témoigne Alix Kombila, compagnon depuis 2 ans.
La direction, de son côté, affirme que ces affirmations sont infondées et que les compagnons connaissent les règles. « Certes, plusieurs personnes hébergées sont persuadées, malgré nos récurrentes explications, qu'après trois ans, ils seront automatiquement régularisés, mais cela n'a jamais été promis tant les circuits de régularisation sont compliqués et du fait que tout est de toute façon du ressort unique du préfet », soutient Pierre Duponchel, président d'Emmaüs Saint-André.
Suite à ces accusations, Emmaüs France a décidé de lancer un audit externe dans les plus brefs délais et a demandé aux responsables locaux d'Emmaüs de suspendre la directrice de la communauté de Saint-André, Anne Saingier, également présidente d'Emmaüs Nord Pas-de-Calais/Picardie, dans le but de garantir la protection des personnes accueillies ainsi que celle de cette dernière, actuellement au centre de tensions grandissantes.
Une enquête pour « traite d'êtres humains » et « travail dissimulé » contre l'antenne de Saint-André est actuellement en cours.