Deux tiers des Samu de France sont touchés par un mouvement de grève. Dans la région du Grand Est, huit départements sur dix sont concernés par ce mouvement de protestation. Ce sont les assistants de régulation médicale, chargés de répondre aux appels au 15, qui se sont mobilisés. Ils réclament des revalorisations salariales et des embauches supplémentaires.
Depuis plusieurs semaines, les assistants de régulation médicale (ARM) ont décidé de faire grève. Cette mobilisation a commencé le 3 juillet à 15h15, en clin d'œil au numéro d'urgence médicale, le 15.
Les ARM sont les premiers à répondre au téléphone lorsque vous appelez le Samu. Ils estiment que leur profession n'est pas suffisamment valorisée et ont donc choisi de faire grève pour se faire entendre. Cela concerne 69 des 100 Samu de France. Dans le Grand Est, tous les départements sont concernés, sauf la Meuse et la Meurthe-et-Moselle.
Myriam Solagne est secrétaire au niveau national de l'Association française des assistants de régulation médicale (Afarm). Elle travaille au Samu de la Marne et fait partie des grévistes. Selon elle, le mouvement est très suivi, avec un taux de grévistes de « 80 ou 90% » dans les Ardennes et la Marne. « Il n'y a que les derniers arrivés qui n'osent pas faire grève, ce qui est logique », précise-t-elle.
Les revendications des ARM sont nombreuses. Ils demandent notamment une revalorisation salariale et une meilleure reconnaissance de leur diplôme. Ils souhaitent également obtenir une prime de pénibilité de 120 euros bruts. En effet, le Samu doit être en service tous les jours de l'année, 24h/24.
Mais Myriam Solagne dénonce surtout des conditions de travail qui se sont détériorées au fil des années. Après 25 ans dans ce métier, elle constate que le nombre d'appels a considérablement augmenté tandis que les effectifs n'ont pas suivi, ce qui dégrade les conditions de travail.
« Je n'aime pas utiliser ce mot-là, mais il y a des moments où on est obligé de faire de l'abattage, on ne peut pas prendre les appels correctement », déplore Myriam Solagne.
Les patients n'ont cependant pas à s'inquiéter, car la grève n'a pas d'impact sur le traitement des appels. « Nous sommes assignés, nous devons faire notre travail normalement. Les appels sont répondus, il n'y a rien qui change pour l'appelant », rassure Myriam Solagne.
Le manque d'effectifs se fait sentir dans tous les Samu de France. Selon l'Afarm, il faudrait environ 800 ARM supplémentaires pour répondre aux besoins. Le nombre d'appels au 15 ne risque pas de diminuer, d'autant plus que le gouvernement souhaite généraliser d'ici la fin de l'année le Service d'accès aux soins (SAS). Ce service vise à orienter certains patients vers des prises en charge en médecine de ville à partir du 15, lorsque leur état de santé ne nécessite pas les urgences.
Selon l'Afarm, il est difficile de sensibiliser le grand public à la situation des ARM, car la grève est peu visible. L'association envisage donc d'organiser des manifestations devant les Agences régionales de santé et le ministère de la Santé à la rentrée.
En attendant, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a reconnu la légitimité d'une partie des revendications des ARM lors d'un déplacement au Samu de Toulouse le 14 août. Il a affirmé qu'il allait travailler sur ces revendications dans les prochaines semaines, sans préciser lesquelles ni se prononcer sur la demande d'embaucher 800 ARM supplémentaires.
Chaque année, les Samu reçoivent environ 30 millions d'appels. Selon la Cour des comptes, ce nombre a augmenté de 22% entre 2014 et 2021.