Plusieurs enfants en situation de handicap dans la Manche ont été laissés sans moyen de transport à cause d'un changement de prestataire et de contrats non honorés. En conséquence, près de 23 familles attendent toujours une solution pour accompagner leurs enfants.
Un exemple de cette situation est celui de Madame Hamelin, dont le fils Raphaël, atteint d'une craniosténose qui retarde son développement mental, n'a pas pu se rendre au lycée depuis le 4 septembre 2023. La société chargée de son transport a fait défaut le jour de la rentrée. Madame Hamelin exprime sa colère en soulignant qu'elle ne comprend pas pourquoi un nouveau transporteur défaillant a été choisi alors qu'elle travaillait depuis six ans en bonne intelligence avec les ambulances Davodet. Elle avait les numéros personnels des chauffeurs qui étaient bien formés pour prendre en charge le handicap de son fils, sujet à des crises pendant le trajet. Elle a donc dû se débrouiller pour transporter elle-même son fils jusqu'au lycée.
Il s'avère que la société d'ambulance Davodet n'a été informée que quelques jours avant la rentrée que le marché revenait à d'autres transporteurs extérieurs après 10 ans d'expérience. Selon Monsieur Connan, responsable de l'agence d'Octeville, ils ignoraient qu'un appel d'offres avait été lancé et il était trop tard pour y répondre. Avant cela, ils s'occupaient du transport de 35 enfants à Octeville et de 25 enfants aux Pieux qui ne peuvent pas prendre le ramassage scolaire classique en raison de leurs pathologies. Plusieurs familles ont également appris cette nouvelle le jour de la rentrée en constatant l'absence de transporteur. Certaines mamans ont même voulu payer de leur poche pour que leur enfant soit pris en charge, mais cela n'a pas fonctionné. La situation a incité plusieurs mères à rédiger une pétition dénonçant cette situation.
Le dysfonctionnement est dû à un changement de prestataire lié à un nouvel appel d'offres. Le Département de la Manche explique que c'est une obligation légale pour un marché public de cette ampleur, représentant 3,5 millions d'euros et concernant le transport de 500 enfants en situation de handicap. Certains anciens transporteurs n'ont cependant pas candidaté. Ugo Paris, directeur général adjoint en charge de l'action sociale au Département de la Manche, souligne que tous les transporteurs ont été appelés à se présenter, mais qu'il n'est pas possible de les forcer à candidater une fois l'appel d'offres lancé, ni de privilégier une société locale. Sept nouvelles sociétés ont donc été identifiées, mais deux d'entre elles se sont avérées incapables d'honorer leurs contrats faute d'équipement adapté et de recrutement dans un secteur en tension.
Selon Ugo Paris, il y a encore 25 familles dans des situations compliquées et une cinquantaine d'autres ont déposé leurs dossiers en retard. Le Département de la Manche travaille pour finaliser ces cas avant jeudi en collaborant avec les entreprises de transport. Néanmoins, le responsable reconnaît un manque de communication et des retards qui compliquent l'organisation des trajets. Une mère de famille déplore également de ne pas avoir été informée des retards de dossier et de l'affectation de son enfant en classe spécialisée Ulis quelques jours avant la rentrée.
Ce nouveau fonctionnement prévoit également de regrouper plusieurs enfants en situation de handicap dans un seul véhicule, ce qui est présenté comme une solution plus économique et écologique. Cependant, certains parents s'inquiètent de cette approche, car leurs enfants ne sont pas faciles à gérer et sont sujets à des crises. Ils se demandent si les nouveaux transporteurs seront en mesure de faire face à ces défis.
Malgré un cadre légal contraignant, le Département de la Manche assure qu'il fait tout son possible pour résoudre rapidement cette situation. Il a mis en place un marché révisable annuellement et soumis à évaluation. Si nécessaire, il pourra revenir à son ancien fonctionnement.