Présenté en compétition officielle au festival de Film francophone d'Angoulême, le dernier long-métrage de Nadir Moknèche, intitulé « L'air de la mer rend libre » et qui sortira en salles le 4 octobre, raconte l'histoire d'un jeune couple maghrébin contraint à se marier afin de préserver les apparences. Le réalisateur aborde avec intelligence et douceur les interdits auxquels ils sont confrontés.
Le film soulève la question suivante : est-il possible d'oublier le passé grâce à un mariage arrangé ? Cette question se pose au sein d'un jeune couple nouvellement marié, forcé d'accepter cette union imposée par leurs familles respectives. La jeune femme a eu une relation amoureuse avec un délinquant, tandis que le jeune homme est attiré par les garçons.
Nadir Moknèche explique : « Je ne peux pas vous dire combien de couples sont confrontés à un mariage arrangé, mais je sais que ces histoires existent. Je sais que pour certains, il est important de ne pas rompre avec leur famille, car cela signifierait la solitude et la détresse. Et Saïd le sait. »
Ni lui ni Hadjira ne sont conscients de la honte qui pousse l'autre à accepter ce mariage. Avec sobriété, le réalisateur décrit l'impitoyable pression exercée sur le jeune couple, masquée derrière des sourires et des phrases telles que « c'est pour ton bien ».
Le film aborde également le thème de la pression exercée sur les filles pour qu'elles se conforment à des normes de comportement et de vertu. Nadir Moknèche explique : « Le film met en évidence la pression exercée sur les filles pour qu'elles soient des filles bien, des filles vertueuses, en particulier les filles arabes. Elles peuvent commettre une petite erreur sans gravité et être punies. »
À l'écran, l'actrice Kenza Fortas incarne une jeune femme forte, prête à répondre aux attentes placées en elle. Elle explique : « J'ai abordé le sujet avec bienveillance et douceur. Je voulais montrer ce qui se passe, sans généraliser. » Face aux incohérences de sa mère, son personnage va évoluer.
De son côté, Saïd continue de vivre secrètement sa sexualité. Le soir, il court pour vivre son désir pour les hommes. À travers son apparence physique, le réalisateur déconstruit l'image caricaturale d'un jeune homme arabe de banlieue. Youssouf Abi-Ayad, l'acteur qui incarne Saïd, se souvient : « Nadir a eu l'idée du film en constatant que si un jeune homme tape sur Internet ‘jeune, arabe et homosexuel', il tombera seulement sur du porno. Il pensait que ce n'était pas acceptable. Alors que si vous tapez la même chose avec des mots français, il y a d'autres représentations, amoureuses. Il voulait montrer d'autres formes de récits. »
« L'air de la mer rend libre » est divisé en plusieurs parties, chacune dédiée à la perspective et à l'évolution d'un personnage du film. Il livre ainsi progressivement une histoire moderne dans laquelle un jeune couple contraint va apprendre, au contact l'un de l'autre, à retrouver sa liberté. Il se peut que cette liberté réside dans le désir de l'un des personnages de revoir la mer, qui donne son titre au film.