Marjorie Breney déplore le Pacte Enseignant : une demande non satisfaite

Lounes

Après la rentrée scolaire, mardi 5 septembre, Marjorie Breney, co-secrétaire de la SNUIpp-FSU du Doubs, a été invitée à s'exprimer dans le journal télévisé de France 3 Franche-Comté. Elle a exprimé ses doutes concernant le Pacte Enseignant, le dispositif mis en place par le gouvernement pour faire face aux problématiques de rémunération et de pénurie d'enseignants.

Selon Marjorie Breney, le Pacte Enseignant ne constitue pas revalorisation salariale mais plutôt une augmentation de la charge de travail. Elle précise que ce n'était pas la demande des enseignants. Ce dispositif lancé par l'Éducation nationale propose aux enseignants volontaires un complément de salaire en échange de nouvelles missions effectuées sur l'année scolaire. Ces missions peuvent consister à remplacer des collègues absents sur une courte durée, à mettre en place des projets pédagogiques innovants, à aider aux devoirs ou à assurer du scolaire. Les enseignants seront rémunérés deux fois plus pour les heures supplémentaires effectuées dans le cadre de ces missions. Cependant, Marjorie Breney est sceptique quant à la faisabilité de ce dispositif, bien que le prospectus de l'Éducation nationale affirme que les enseignants ne seront chargés de remplacer leurs collègues que sur les créneaux fixes qu'ils auront préalablement choisis.

Le dispositif fonctionne par mission, pouvant aller de 18 à 24 heures, avec une rémunération de 1 250 euros brut. Les enseignants peuvent réaliser jusqu'à missions par an, ce qui représente un gain de 3 750 euros. Néanmoins, Marjorie Breney rappelle que les enseignants travaillent déjà en moyenne 43 heures par semaine, selon les chiffres du ministère de l'Éducation nationale. Elle regrette que la revalorisation salariale demandée ne soit pas destinée à ce surcroît de travail, dont ils ne disposent d'ailleurs pas du nécessaire pour le réaliser.

Lors de l'annonce du dispositif en 2022, l'objectif du gouvernement était d'atteindre 30% d'enseignants inscrits au Pacte Enseignant. Cependant, le ministre actuel, Gabriel Attal, ne fait pas de pronostics, selon Marjorie Breney. De plus, cette dernière souligne que ce type de missions ne favorisera pas l'égalité entre les femmes et les hommes dans le métier enseignant. Une note d'information publiée par la Direction de l'évaluation de la prospective et de la performance confirme cette inégalité, révélant que les hommes sont plus nombreux à effectuer des heures supplémentaires et à en réaliser davantage, ce qui entraîne une différence de rémunération entre les femmes et les hommes.

Marjorie Breney soulève également un paradoxe : dans l'Académie de Besançon, 73 postes ont été supprimés tandis que plus de 300 contractuels ont été recrutés. Elle estime que cela est motivé par des raisons financières, car cela coûte moins cher et permet de se débarrasser facilement de ces enseignants contractuels après une année. Elle critique également la formation de seulement quatre jours suivie par ces contractuels avant de se devant une classe. Elle affirme que cela ne correspond pas à l'enseignement qui nécessite une formation bien plus longue. Pourtant, théoriquement, ces contractuels devraient bénéficier de plus de 20 jours de formation au long de l'année scolaire.

Face à ces problèmes, Marjorie Breney défend une politique de qui tiendrait compte de l'aspect salarial pour rendre le métier enseignant plus attractif. Malgré l'annonce récente de Gabriel Attal sur la revalorisation des salaires entre 125 et 250 euros net par mois, le Pacte Enseignant continue de susciter des mécontentements. Selon Marjorie Breney, ce dispositif ne répond pas aux attentes de longue date de la profession en matière d'attractivité du métier. Elle estime qu'il aurait fallu en compte ces problématiques bien avant. Elle affirme que l'école doit être ambitieuse et que le Pacte Enseignant ne correspond pas à cette ambition.