Au début de l'année 2022, Mathilde Savoye, viticultrice en Champagne, avait lancé un appel à l'aide sur les réseaux sociaux. Enceinte de son premier enfant et sur le point d'accoucher, elle recherchait désespérément de la main-d'œuvre pour s'occuper de ses vignes. Maintenant, 18 mois plus tard, la jeune maman se prépare sereinement pour les vendanges.
Comme tous les viticulteurs, Mathilde Savoye est très occupée en ce moment. Les vendanges approchent à grands pas en Champagne et le travail ne manque pas. Elle surveille attentivement l'évolution de la météo, car la chaleur des derniers jours peut favoriser le développement de la pourriture. Normalement, elle devrait commencer les vendanges la semaine du 11 septembre.
Cette fois-ci, la vigneronne ne se soucie pas de la main-d'œuvre, car elle a recruté dix coupeurs venus de Pologne via un prestataire. Ces travailleurs seront logés sur place dans un bâtiment dédié.
Les problèmes soulevés par Mathilde il y a un an et demi sur les réseaux sociaux ne sont pas complètement résolus, mais elle a appris à les gérer. À l'époque, elle avait posté une vidéo où elle se demandait comment elle allait pouvoir continuer à travailler dans ses vignes alors qu'elle était sur le point d'accoucher et que son employé venait de partir. Cet appel à l'aide mettait en lumière les difficultés rencontrées par les femmes chefs d'entreprise. Finalement, un remplaçant avait pris en charge ses parcelles pendant quelques semaines.
Depuis, le petit Marceau est né et Mathilde a dû trouver un nouvel équilibre entre sa vie familiale et professionnelle. Elle a repris le travail seulement 15 à 20 jours après avoir accouché, car elle préfère ne pas déléguer certaines tâches, comme l'étiquetage des bouteilles qu'elle personnalise. Elle s'occupe également des tâches administratives et du travail en cave, tout en prenant du temps pour profiter de son fils. Marceau va à la crèche et passe également du temps dans les vignes avec sa maman.
Avec un mari également viticulteur, la vie de Mathilde est bien remplie mais épanouie. Son appel avait néanmoins mis en évidence les problèmes de recrutement dans le secteur agricole et viticole, car il est souvent difficile de trouver rapidement la bonne personne en cas d'absence. Elle constate fréquemment sur les réseaux sociaux des demandes d'exploitants avec la mention « urgent ».
Désormais, Mathilde emploie un ouvrier viticole à l'année pour travailler ses 3,5 hectares de vignes. Certifiée « Haute valeur environnementale » et « Viticulture durable en Champagne », son exploitation nécessite un important travail du sol, sans utilisation d'herbicides. Elle compte poursuivre le développement de sa maison en vinifiant directement sa propre récolte, ce qui donne environ 8 600 bouteilles par an.
Pour équilibrer sa vie professionnelle et familiale, Mathilde envisage de partager certaines tâches avec son mari, qui possède sa propre exploitation viticole. Elle veut continuer à exercer sa passion tout en étant une maman présente. Elle aimerait même agrandir la famille prochainement.