Mort de Mohammed Marseille : questions sur armes « létalité réduite »

Angers Mag

Suite à la mort de Mohammed à Marseille, probablement tué par un tir de LBD, les armes utilisées pour maintenir l'ordre public à nouveau au cœur des débats. Paul Rocher, économiste et auteur d'un livre sur ce sujet, estime qu'elles devraient être interdites.

Les armes dites « à létalité réduite » sont en capables de tuer ou de mutiler. Après la mort de Mohammed Bendriss à Marseille, mort probablement causée par un tir de LBD lors des émeutes, de nombreuses critiques se sont une fois de plus élevées contre ces armes. Pour Paul Rocher, économiste et auteur du livre « Gazer, mutiler et soumettre », il ne devrait pas être autorisé d'utiliser ces équipements pour maintenir l'ordre public.

Pourquoi qualifie-t-on ces armes de « létalité réduite » ?

Le Lanceur de Balles de Défense (LBD) projette des munitions en caoutchouc, conçues pour être assez puissantes pour neutraliser une personne sans risquer de percer la peau et de provoquer des blessures mortelles. Cependant, si le projectile certaines parties du corps, il peut être mortel. Selon Paul Rocher : « Ces armes sont considérées comme à létalité réduite uniquement dans certaines conditions. Dans la rue, il est impossible de reproduire ces conditions. Le tireur est en mouvement, tout comme sa cible, d'autant plus lorsqu'elle sait qu'elle est visée.« 

Un autre problème pointé par l'auteur est le contexte réel des manifestations. « Lors des opérations de maintien de l'ordre, il y a souvent une foule, du stress et une visibilité réduite en de l'utilisation massive de gaz lacrymogène par la police. » Autant de facteurs qui peuvent rendre un tir beaucoup moins précis et augmenter le risque de toucher des zones vitales.

Pourquoi les forces de l'ordre utilisent-elles ces armes ?

Ces armes sont, en théorie, utilisées en dernier recours avant de recourir aux armes à feu par les forces de l'ordre, dans le but de se défendre ou de défendre une position. C'est ce que précise le site spécialisé « Maintien de l'ordre ». Pour Paul Rocher, elles permettent de « maintenir un de répression, sans être aussi violentes ni aussi mal perçues qu'une arme létale.« 

Selon l'économiste, le développement de ces équipements est lié au contexte économique. « Depuis les années 1990, le ministère de l'Intérieur achète de plus en plus d'armes de divers types, en à l'introduction du néolibéralisme en France. Pour faire accepter le fait que l'on aux masses pour redistribuer à un petit groupe, l'État utilise la force. »

Faut-il continuer à utiliser ces armes ?

Pour l'économiste, les munitions à létalité réduite ne devraient plus être utilisées lors des opérations de maintien de l'ordre. « La dangerosité d'une arme se mesure également à ses effets comportementaux. En plus du fait qu'elles peuvent provoquer la mort, le terme de létalité réduite ou non létal peut encourager les policiers à les utiliser. » Selon lui, ces équipements entraînent en réalité une « brutalisation » des opérations de maintien de l'ordre.

Paul Rocher explique également que de nombreux policiers ont l'impression d'être dans une « citadelle assiégée« . « Ils peuvent alors se méfier de la population voire lui être hostile« , précise-t-il. « Les agents se racontent ainsi des histoires, selon lesquelles telle aurait subi telle forme de violence. Au final, cela augmente le risque de débordements à l'encontre des manifestants. »

Les armes à létalité réduite sont également critiquées par certaines associations. Depuis le 28 août, Amnesty International a lancé une campagne d'affichage dans plusieurs villes de France pour demander la suspension de l'utilisation du LBD.