Le lac Léman est confronté à un petit envahisseur aquatique aux conséquences multiples. Les moules quagga se sont multipliées depuis 2015 et menacent la biodiversité ainsi que la qualité de l'eau potable.
Il s'agit d'un petit mollusque qui cause d'importants dégâts dans plusieurs étendues d'eau suisses. La moule quagga est une espèce envahissante aquatique originaire de la mer Noire. Elle est arrivée accidentellement par le Danube puis le Rhin, en s'accrochant aux coques des bateaux et embarcations. Elle se déplace ainsi d'une eau à une autre sans être détectée.
La moule quagga a été repérée pour la première fois en Suisse en 2011 à Bâle et s'est ensuite propagée dans plusieurs lacs, dont ceux de Constance, Neuchâtel, Bienne et Léman. Depuis lors, sa présence ne cesse de croître. Aujourd'hui, elle est considérée comme l'une des espèces envahissantes d'eau douce les plus agressives de l'hémisphère nord. La Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (Cipel) a mis en place un suivi scientifique pour surveiller les effets de cette espèce sur le lac Léman et sa biodiversité. La moule quagga représente une menace pour la diversité et a un impact considérable sur la pêche, la baignade, la production d'eau potable et l'utilisation thermique du lac.
La moule quagga, également appelée Dreissena Bugensis, fait partie des 12 espèces exogènes envahissantes identifiées dans le lac Léman et considérées comme les plus problématiques. Elle se reproduit rapidement, même à basse température. La Cipel explique que des densités allant jusqu'à 15 000 individus par mètre carré ont été observées dans le lac Léman. Cette moule menace la biodiversité indigène en recouvrant les fonds marins, ce qui empêche la petite faune de respirer et uniformise le milieu. De plus, chaque moule peut filtrer jusqu'à 2 litres d'eau par jour, dont le phytoplancton, qui constitue la base de la chaîne alimentaire des lacs. Cela prive d'autres espèces de nutriments et peut entraîner une baisse significative des captures, avec des répercussions économiques pour les pêcheurs professionnels et les pêcheurs amateurs.
La moule quagga est également un ennemi pour la qualité de l'eau potable. Contrairement à la moule zébrée, une espèce invasive de la même famille qui a colonisé le lac de Vouglans dans le Jura, la moule quagga peut descendre jusqu'à 250 mètres de profondeur. Elle a tendance à s'installer sur les prises d'eau des installations de production d'eau potable et de chaleur/froid, obstruant ainsi les conduites et entraînant des coûts d'entretien élevés pour le lac Léman.
Face à cette prolifération difficile à éradiquer, l'Office fédéral de l'environnement (Ofev) a lancé une campagne de sensibilisation. L'Ofev recommande aux propriétaires de bateaux de nettoyer leur embarcation à la sortie de l'eau avec un nettoyeur haute pression à plus de 45 degrés, de vérifier qu'il ne reste aucun résidu végétal ou saleté sur la coque, le moteur, les cordages et les autres éléments, de sécher le bateau et l'équipement et d'attendre au moins quatre jours avant de le remettre à l'eau. La Cipel ajoute qu'il est également important de vider les eaux de ballast avant de déplacer le bateau et de laisser tremper certains équipements, tels que les cordages, l'ancre, les gilets de sauvetage et le matériel de plongée, dans une solution de vinaigre (5%) ou de sel (1%) pendant 20 minutes.
Ces gestes simples d'inspection et de nettoyage de l'embarcation peuvent réduire de près de 85% les risques d'introduction et de propagation d'espèces invasives, selon l'OFEV. Les impacts écologiques de la moule quagga dans le Léman restent toutefois à évaluer précisément.