Moustiques tigres : calvaire locataires cité HLM

Lounes

Certains habitants de la cité Manifeste à Mulhouse (Haut-Rhin) se plaignent de « vivre un enfer » à cause des moustiques depuis le début de l'été. Le bailleur social affirme que le problème ne concerne pas seulement le quartier, tandis que la de Mulhouse pré d'envoyer une équipe « d'ici octobre ».

« On a hâte que l'hiver arrive et qu'il gèle, vite ! » dit Stéphanie Pérot avec un sourire. Mais elle affirme que son quotidien est devenu pesant ces dernières semaines à cause de ces « nuages de moustiques » qui lui « tombent dessus » dès qu'elle sort de chez elle. « J'ai un magnifique jardin mais je n'en ai pas profité cet été, je ne sors plus, on se fait manger », se plaint Sandra Rider.

Ces deux femmes habitent la cité Manifeste, un ensemble de logements sociaux réalisé par des architectes renommés à l'échelle mondiale et récompensé par le label « Architecture contemporaine  » en 2022. On y trouve des containers industrialisés, des serres horticoles et des allées entièrement végétalisées… et bien sûr quelques habitants qui critiquent vivement le manque de réactivité du bailleur social Somco face à la situation qui dure depuis le début de l'été.

La Somco déclare envoyer régulièrement des équipes sur le terrain constater le problème. « Mais on ne peut pas régler un problème qui concerne tout le secteur », explique André Girona, le directeur général de Somco, faisant référence à la propagation générale du moustique- dans le Grand Est. Selon lui, il n'y a pas plus de moustiques à la Cité Manifeste qu'ailleurs à Mulhouse, ce que les habitants interrogés estiment tous être en désaccord, en affirmant que leur quartier est bien plus touché que les secteurs voisins.

Maryline Polimeni raconte par exemple que sa fille de 3 ans est couverte de boutons sur les bras et les jambes. « On était dans un camping en début d'été, il y avait un marais et des chevaux juste à côté, elle n'a pas été piquée une seule fois. Ici, même mes chiens ne sortent plus. » Sandra Rider constate aussi les dégâts les plus importants sur son fils. « Il fait de grosses poussées d'eczéma donc je ne peux pas lui mettre n'importe sur la peau, comme les ou les crèmes. Sa peau est rouge avec les piqûres. »

Lorsqu'ils sortent de leur quartier, ils ont l'impression que les nuées de moustiques les ciblent spécifiquement. « Je sors mes chiens tous les jours et à seulement quatre rues plus loin, il n'y a plus rien », affirme Stéphanie. Chez Sandra, c'est sa mère qui lui fait remarquer. « Elle habite juste en face du quartier et elle n'a rien. Elle se moque de moi et me dit qu'il y a une invasion chez moi. »

Selon les trois habitantes, les « brigades vertes » sont venues dans la cité Manifeste pendant l'été et ont conclu à la présence du moustique-tigre. Ces équipes sont chargées de la lutte antivectorielle et sont gérées par l'ARS depuis 2020. Leur rôle se limite à la surveillance : elles mettent en place des pièges pour détecter les nouveaux foyers et suivre la propagation des moustiques là où ils sont implantés. L'ARS n'a pas répondu à nos sollicitations pour le moment.

Pourquoi l'insecte est-il si présent autour du Passage des Rossignols ou du Passage des Lauriers, deux axes de la Cité ? Selon le bailleur social, il faut se tourner vers les habitants. « Nous avons sensibilisé les locataires : il faut éliminer tous les points d'eau stagnante, dans les réservoirs, dans les seaux », affirme André Girona. « Il peut y avoir de l'eau sur les toits en terrasse mais elle s'évapore au bout d'un certain temps, je ne pense pas que le problème vienne de là. »

Les habitants réfutent ces arguments. Selon eux, si des accumulations d'eau sont présentes, c'est de la responsabilité du bailleur ou de la Ville. Cette dernière indique prévoir d'envoyer une équipe « d'ici octobre ».

Dans sa fiche préventive, l'ARS Grand Est indique que le moustique-tigre n'a « besoin que d'une petite quantité d'eau » pour pondre œufs et conseille de « neutraliser les endroits où l'eau peut se trouver ».

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