Origines de la Braderie de Lille 2023 : retour en 1127, six questions sur la plus grande brocante d’Europe

Angers Mag

Pauline Triplet prépare une thèse sur la période médiévale à Lille. Dans cet entretien, elle nous parle des origines de la braderie de la ville, qui est maintenant le plus grand marché européen. Autrefois, c'était une foire commerciale qui rayonnait sur le comté de Flandre et au-delà.

La première mention écrite de la braderie de Lille date de 1127. Galbert de Bruges, un chroniqueur de l'époque, raconte cet événement du point de vue chronologique, car un homme a été arrêté lors de la foire. La ville avait un privilège accordé par le comté de Flandre : il était interdit d'arrêter qui que ce soit pendant la foire. Cependant, le comte de Flandre Guillaume Cliton a ignoré ce privilège et a arrêté cet homme sur la place du marché, provoquant ainsi des émeutes. Des Normands ont été jetés dans des marais près de la ville en raison de leurs origines similaires à celles du comte qui a dû fuir la ville.

L'ampleur de cet événement est difficile à déterminer. On néanmoins qu'il rassemblait des Flamands, des marchands du Hainaut, de l'Artois, d'Angleterre et même de la Hanse, une ligue regroupant les pays scandinaves. Avant le XIVe siècle, il s'agissait d'un événement de commerce international, où l'on vendait principalement des draps, des toiles, des tissus et des teintures. Des tissus lillois de cette époque ont également été retrouvés en Italie. Lille faisait partie d'un réseau de cinq foires flamandes situées à Ypres, Bruges, Torhout et Messines.

Le mot « braderie » est apparu plus tard. À partir du XIVe siècle, la nature de l'événement a changé. Un document mentionne l'existence de « loges et étalages » (les stands) où l'on trouvait des marchands de peaux, de chaussures de mauvaise , d'épices, de rôtisseries et de poissons. Avant le XIVe siècle, la braderie était principalement axée sur le commerce international du textile, mais ensuite, elle s'est élargie et est devenue davantage une fête populaire. C'est au XVe siècle que le mot « braderie » est apparu, dérivé du mot flamand « braden » qui signifie « rô » en français.

En ce qui concerne la superficie de Lille à cette époque, le premier plan de la ville date du XVIe siècle, mais on sait que la Lille médiévale s'étendait sur les actuels du Vieux-Lille, de la Grand'Place, de la place du Théâtre, de Rihour, de Saint-Maurice et de la porte de Paris (où se actuellement la mairie).

La durée de la braderie pouvait varier de 5 jours à un mois, en fonction des crises, des décisions du comte et des épidémies. Pendant la guerre de Cent Ans au XIVe siècle et la peste noire au XIVe siècle également, le coût de la place à la braderie de Lille augmentait ou diminuait, ce qui témoignait de l'intérêt ée à cette foire.

Il existe d'autres documents qui nous renseignent sur la braderie de Lille. En 1419, Lille dépendait du duché de Bourgogne plutôt que du comté de Flandre. À cette époque, la Grand'Place, ou place du marché, était fois plus grande qu'aujourd'hui. Il y avait une église Saint-Pierre à l'emplacement de l'actuelle maison Meert (rue Esquermoise), et on y pratiquait la braderie même dans le cimetière. Cependant, un document a ensuite interdit cette pratique dans le cimetière.