Ce jeudi 7 septembre, l'ancien ministre de l'Intérieur Pierre Joxe répond aux questions de Jean-Vitus Albertini. Il discute notamment du processus de discussion avec Beauvau, des violences, mais aussi de l'assassinat d'Yvan Colonna. Pierre Joxe donne son analyse de la situation politique en Corse lors d'une interview accordée à France 3 Corse Via Stella.
Depuis 2015, les nationalistes sont majoritaires en Corse avec 46 élus territoriaux sur 63, trois députés, un sénateur et un député européen. On aurait pu penser qu'une solution pacifique se dessinerait, mais ce n'est pas le cas. Selon Pierre Joxe, il n'y a pas de solution si on cherche à répondre à toutes les revendications de tous les partis politiques, même si elles sont contradictoires. En revanche, il est possible de trouver une majorité homogène dans un territoire, comme c'est le cas en Corse, où les gens sont d'accord avec certaines choses.
L'indépendance est un sujet complexe. Qui revendique vraiment l'indépendance et est-il réellement possible d'être complètement indépendant ? Si on est indépendant de la patrie ancienne, ne deviendrait-on pas dépendant d'autres ? Il y a une marge entre l'indépendance et la possibilité donnée à l'assemblée territoriale de Corse de faire des lois dans des domaines de compétence.
Pierre Joxe estime que cela existe dans tellement d'îles de la Méditerranée qu'il n'y a aucune raison que cela ne se passe pas en France. Selon lui, une réforme constitutionnelle concernant la Corse est possible et faisable, à condition qu'elle contribue à l'apaisement et à l'amélioration de la paix et de la tranquillité. Il rappelle également qu'il est important de résoudre les problèmes de tranquillité publique en Corse.
En ce qui concerne l'approche d'Emmanuel Macron sur le dossier corse, Pierre Joxe précise qu'il n'a pas de moyens d'avoir une opinion, car il n'est pas en position de répondre.
En ce qui concerne l'assassinat d'Yvan Colonna, Pierre Joxe exprime une grande tristesse. Yvan Colonna était le fils d'un de ses amis et il a vécu le drame de sa famille comme un frère. Il trouve l'assassinat d'Yvan Colonna horrible, d'autant plus que toutes les mesures de sécurité n'ont pas été prises en prison. Il rappelle que les décisions de justice doivent être respectées, même si certains les remettent en cause.
Enfin, Pierre Joxe évoque la possibilité d'une réforme constitutionnelle pour la Corse. Il estime que les problèmes de la Corse n'ont pas nécessairement besoin d'une telle réforme, mais reconnaît que cela pourrait être nécessaire selon l'opinion des Corses. Il rappelle qu'une proposition de reconnaissance du peuple corse avait été faite à l'Assemblée nationale, mais avait été censurée par le conseil constitutionnel. Il pense qu'une réforme pourrait être utile pour contribuer à l'apaisement et à la tranquillité en Corse. Selon lui, la question de la tranquillité publique relève plutôt de la politique générale.
Pour retrouver l'intégralité de l'entretien, vous pouvez regarder la vidéo qui accompagne cet article.