Le rappeur MHD et huit autres hommes comparaissent devant les assises à Paris à partir de ce lundi pour un meurtre commis lors d'une rixe entre deux bandes rivales dans la capitale en 2018. Ils risquent une peine de trente ans de réclusion criminelle.
Il s'est écoulé plus de cinq ans depuis les faits, mais le procès de Mohamed Sylla, connu sous le nom de MHD, et de huit autres hommes débute aujourd'hui aux assises à Paris.
Les prévenus sont jugés pour un meurtre commis lors d'une rixe entre deux bandes rivales dans la capitale en 2018. L'artiste et quatre de ses coaccusés sont jugés en liberté, tandis que trois autres sont toujours en détention provisoire. Le dernier accusé, qui est en fuite, est jugé par défaut. Ils risquent une peine de trente ans de réclusion criminelle.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, à l'angle des rues Saint-Maur et Tesson, dans le 20e arrondissement de Paris. Un jeune homme de 23 ans, Loïc K., a été volontairement renversé par une Mercedes, puis passé à tabac par une dizaine d'individus et poignardé. La voiture a été retrouvée incendiée un jour plus tard dans un parking. Les enquêteurs ont rapidement suspecté un règlement de comptes entre jeunes des cités des Chaufourniers, surnommée la « cité rouge », et de la Grange aux Belles, situées à proximité l'une de l'autre, dans les 20e et 19e arrondissements.
Il existait déjà des affrontements entre les deux bandes. Plus d'un an auparavant, un jeune homme des Chaufourniers avait trouvé la mort lors d'une bagarre. Quelques heures avant l'affrontement qui a entraîné la mort de Loïc K., une dizaine de personnes de la Grange aux Belles s'étaient introduites chez un ancien habitant du quartier des Chaufourniers et l'avaient menacé avec des gourdins, ce qui avait suscité le désir de représailles de la part de la cité rivale.
Plusieurs témoins ont mis en cause le rappeur MHD, qui habite les Chaufourniers. Pionnier de l' »afro-trap », un mélange de hip-hop et de musiques africaines, le jeune homme, âgé de 23 ans à l'époque, était en plein essor. Son premier album s'est vendu à plus de 400 000 exemplaires, et il a été remarqué à l'étranger par des artistes tels que Madonna ou Drake.
Au cours de l'enquête, les enquêteurs ont découvert que la Mercedes incendiée appartenait au rappeur et des témoins ont affirmé l'avoir vu à l'intérieur du véhicule. De plus, sur plusieurs vidéos de la scène, un homme de type africain aux cheveux blonds et vêtu d'un survêtement de la marque Puma était présent. On le voit tirer Loïc K. pour l'éloigner de la voiture et lui donner un coup de pied à la tête avant de s'enfuir. À cette époque, MHD avait les cheveux décolorés et était l'ambassadeur de la marque Puma.
Tout au long de l'instruction, MHD a nié les faits, arguant notamment qu'il prêtait régulièrement sa voiture à son entourage et que plusieurs personnes du quartier arboraient la même coiffure que lui.
Cette affaire a considérablement freiné la carrière de l'artiste, qui a passé un an et demi en détention provisoire avant d'être libéré sous contrôle judiciaire à l'été 2020. Néanmoins, il a sorti un nouvel album en 2021, qui est devenu disque d'or, et a sorti un nouveau single intitulé « Jungle » cet été.
Parmi les autres accusés, trois sont soupçonnés d'avoir porté des coups de couteau à la victime, dont un qui est actuellement en fuite. Un autre sera également jugé pour l'incendie de la Mercedes. Me Guillaume Halbique, avocat de ce dernier, analyse l'affaire comme étant un « cycle tragique et terrible de violences » entre quartiers, où les raisons de la rivalité entre tels ou tels quartiers sont de moins en moins claires, mais où la solidarité entre eux est inévitable. Selon lui, pour bien juger et comprendre, il est nécessaire de prendre du recul et de prendre en compte les dynamiques qui se mettent en place dès le plus jeune âge.
Le procès est prévu jusqu'au 22 septembre.