Projet de réserve d’eau des Priaires cristallise tensions

Lounes

Alors que le convoi de l'eau en provenance des Deux-Sèvres est arrivé à Paris, l'installation de grilles de chantier à Priaires pour la création d'une nouvelle réserve de substitution a déclenché la colère des militants. Ces derniers réclament un moratoire sur la gestion de l'eau et estiment qu'aucun dialogue ne peut avoir lieu tant que les travaux en cours ne sont pas arrêtés.

Sur le Champ de Mars à Paris, Julien Le Guet, porte-parole de Bassines Non Merci, chante avec le : « On va à Priaires, démonter les barrières. On va à Priaires, leur mettre la misère. » Cependant, une nouvelle a exacerbé la colère des militants du Convoi de l'eau : l'installation de barrières et d'un panneau « permis de construire » à Priaires, indiquant la « construction d'une réserve de substitution ».

Alors qu'ils se rendaient devant les locaux de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne à Orléans sur leur route vers Paris, les membres du convoi ont estimé que les travaux à Priaires pourraient commencer dans les prochains jours. Ceci a enflammé les esprits et interrompu les négociations entre les militants et les autorités. Ils promettent de nouvelles actions et manifestations pour bloquer la construction des retenues de substitution.

Parti de Sainte-Soline le 18 août dernier, le Convoi de l'eau réunit des militants de Bassines Non Merci, des de la Terre et du syndicat agricole Confédération Paysanne. Selon les organisateurs, plus de 800 personnes ont parcouru les 450 km jusqu'à Paris dans le but de demander un moratoire sur les réserves de substitution et la gestion de l'eau. « On veut offrir un retour au dialogue, mais il y a des conditions », prévient Benoît Feuillu des Soulèvements de la Terre. « On ne peut pas dialoguer si le gouvernement encourage la construction de bassines. La condition préalable pour le dialogue était qu'il n'y ait pas de chantier en cours ni de nouvelles bassines en construction. »

L'arrêt devant l'Agence de l'eau Loire-Bretagne à Orléans visait à demander l'arrêt du financement des réserves d'eau. « Celle-ci finance les bassines à environ 50 % », précise Benoît Feuillu.

Cependant, alors que les militants étaient reçus par la de la région Centre-Val de Loire, Sophie Brocas, ils ont appris, par un message sur les réseaux sociaux, que les travaux de la retenue de substitution de Priaires allaient commencer, comme en témoignent le permis de construire et les barrières installées sur le site. « C'est un très mauvais signe, surtout dans le contexte d'un dialogue. On ne peut pas d'un côté demander l'apaisement et de l'autre commencer des travaux », déplore Julien Le Guet.

Cette nouvelle a enflammé les discussions entre l'État et le Convoi de l'eau. « Le gouvernement nous a é de ne pas commencer les travaux avant le 4 ou 5 septembre, pour organiser des réunions de concertation. On a vraiment le sentiment d'être méprisés, de passer pour des idiots », souligne Julien Le Guet. « Nous avons annoncé à la préfète que nous occuperions les locaux de l'agence de l'eau, ce que nous avons fait pendant une nuit. »

Selon le porte-parole de Bassines Non Merci, lors de la réunion, les services de l'État ont néanmoins ouvert la porte à l'arrêt du projet des dix réserves de substitution qui ne sont pas encore financées parmi les seize pré. « La préfète a annoncé qu'elles allaient sérieusement être remises en cause car les études scientifiques du comité de bassin n'étaient pas sérieuses. Mais pour nous, ce n'est pas suffisant. Ce ne sont pas seulement les dix prochaines bassines qui posent problème. Il y a toutes les raisons politiques, juridiques, scientifiques et pour que cela s'arrête demain », insiste-t-il.

De son côté, la préfète de la région Centre-Val de Loire, Sophie Brocas, déclare dans une interview à France Bleu Orléans qu'elle regrette que les militants du Convoi de l'eau « refusent la main tendue ». Elle explique : « Nous avons ouvert un espace de dialogue, fait des propositions pour répondre aux demandes de la délégation, mais sans décider ou annoncer une suspension immédiate de la construction des réserves de substitution d'eau, du moins pour celles qui sont à la fois autorisées et financées depuis 2020. Je rappelle qu'il y a six réserves de substitution dans ce cas. Nous avons fait des propositions qui, après six heures de discussion, ont été refusées. Et la délégation a maintenu son souhait d'un moratoire complet, c'est-à-dire aucun projet de construction, aucun financement, jusqu'à la fin d'une mission de médiation dont la durée n'est pas fixée. Donc oui, on peut dire que la délégation n'a pas souhaité poursuivre dans un esprit de dialogue. »

Pourtant, dans une interview au journal Ouest France le 24 août dernier, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a à nouveau défendu les de retenues d'eau. Une position dénoncée par les militants qui sont venus à Paris pour montrer à l'international « qu'il y a une guerre de l'eau en France avec des institutions corrompues, notamment par la FNSEA qui collabore étroitement avec le gouvernement Macron. »

Julien Le Guet évoque de nombreux conflits d'intérêts qui entourent les réserves de substitution. « Sur les six premières bassines, il y a systématiquement un membre du conseil municipal de la commune qui en bénéficie directement, que ce soit lui-même ou son fils ou neveu », dénonce-t-il. « Ce qui est scandaleux, c'est que cela se fait avec l'accord de l'État et de l'Agence de l'eau. » Thierry Boudaud, le président de la Société coopérative anonyme de l'eau (Coop de l'eau 79), porteur du projet des réserves d'eau, n'a pas encore répondu aux demandes de France 3.

Malgré le possible début du chantier à Priaires, les militants anti-bassines ne comptent pas abandonner. Julien Le Guet promet : « Nous allons continuer à nous battre et à occuper le , là où nous sommes les meilleurs ! » Le conflit autour de la gestion de l'eau est loin d'être terminé.