La promesse d'Emmanuel Macron de mettre en place un pacte enseignant, qui permettrait aux enseignants de recevoir des primes en échange de remplacements ponctuels et de missions supplémentaires, est en train de se concrétiser. Cependant, cette initiative ne semble pas convaincre le milieu éducatif et suscite des réactions mitigées de la part des syndicats.
Depuis le début de cette rentrée scolaire, les professeurs sont confrontés à une certaine incertitude quant à la signature de ce pacte enseignant. Annoncé en avril par le président Macron, ce dispositif vise à offrir une compensation financière en échange de missions supplémentaires volontaires. Parmi les tâches proposées figurent des sessions de soutien ou d'approfondissement en mathématiques et en français pour les élèves de 6e, des interventions pour la découverte des métiers, ainsi que des remplacements de courte durée dans le second cycle. Ce dernier point est considéré comme prioritaire par le gouvernement, qui s'engage à assurer qu'un professeur soit présent devant chaque élève.
Les enseignants signataires peuvent choisir jusqu'à trois composantes, tandis que ce chiffre passe à six pour les lycées professionnels. Chaque composante représente entre 18 et 24 heures de travail, rémunérées au taux annuel de 1 250 euros bruts. Cette perspective financière séduit de nombreux professionnels de l'éducation.
Cependant, la mise en place du pacte enseignant est jugée « mal anticipée » par Isabelle Rani, secrétaire départementale du syndicat Unsa 09. Elle déplore le fait que les professeurs aient dû prendre position dès le mois de juin, sans disposer de toutes les informations du ministère, qui n'ont été fournies qu'en septembre. Les remplacements de courte durée posent particulièrement problème, selon la syndicaliste.
« Nous avons du mal à comprendre l'intérêt de l'étudiant dans ce système, nous risquons de faire de la garderie », déclare Isabelle Rani, en soulignant les préoccupations du syndicat des enseignants Unsa 09.
En effet, avec le pacte, un professeur de français peut être amené à remplacer au pied levé un enseignant de mathématiques. Cependant, le contenu du cours n'est pas garanti, ce qui signifie que l'élève ne pourra pas rattraper la matière qui aurait dû être étudiée.
Le syndicat SNES-FSU de Nice partage également cette opinion. Selon Fabienne Langoureau, secrétaire académique du syndicat, accepter le pacte signifie être corvéable à merci. Elle dénonce les effets d'annonce du gouvernement, qui ne résolvent ni la pénurie d'enseignants ni les problèmes de rémunération. Elle souligne également la pression hiérarchique exercée dans certains établissements pour inciter les enseignants à signer le pacte.
Un enseignant anonyme d'un collège des Alpes-Maritimes témoigne du fait qu'il a été poussé par ses supérieurs à accepter les remplacements de courte durée afin de maintenir sa sortie scolaire. D'autres témoignages révèlent que les enseignants doivent obligatoirement s'engager à remplacer leurs collègues avant de pouvoir choisir d'autres composantes du pacte.
Il est encore difficile de connaître le nombre exact d'enseignants qui ont signé le pacte. L'ancien ministre de l'Éducation, Pap Ndiaye, avait fixé en avril dernier un objectif de 30% d'adhésion pour les remplacements de courte durée. Le rectorat des Alpes-Maritimes se dit « satisfait » du taux d'engagement dans l'académie de Nice, mais les chiffres définitifs ne seront dévoilés que le 20 septembre prochain.