La production de tabac blond dans la région des Pays de la Loire est confidentielle mais attire de plus en plus l'attention sur le plan économique. La consommation de tabac à chicha est en pleine expansion et la filière ne parvient pas encore à répondre pleinement à la demande.
A Chemillé-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire, Pascal Socheleau et ses employés travaillent depuis un mois sur une parcelle de trois hectares. La récolte du tabac blond, de la variété Virginia, durera jusqu'en septembre.
Installé sur la plateforme automatisée, le producteur recueille les feuilles fraîchement cueillies à un étage plus bas. « Nous faisons cinq ou six passages. Nous cueillons généralement trois feuilles par passage, sur les quatre premiers passages, puis nous cueillons le reste de la plante. C'est la maturité qui nous guide », explique-t-il.
Pascal Socheleau est l'un des derniers producteurs de tabac dans le département. En déclin constant depuis les années 50, la filière connaît aujourd'hui une embellie grâce au marché du tabac à chicha. Et il n'a même pas eu besoin de faire d'investissements supplémentaires.
« Nous nous sommes convertis au tabac blond en 2001. Nous avons acheté un enjambeur, des fours, les investissements datent de cette époque. Aujourd'hui, tout est amorti », assure l'agriculteur.
Le prix d'achat du tabac ne cesse d'augmenter. « Depuis deux ans, le prix a augmenté de 20% chaque année. Aujourd'hui, ça n'a jamais été aussi rentable », déclare Pascal Socheleau.
La coopérative CT2F, à laquelle adhère cet agriculteur, se concentre principalement sur ce marché en pleine expansion. C'est une aubaine, car non seulement la production demande moins de travail de transformation que pour les cigarettes classiques, mais elle est aussi mieux valorisée.
« Il y a beaucoup moins de pertes, moins de charges car les charges sont essentiellement liées à la production dans les champs, au séchage et à la main d'œuvre », confirme Lucien Gatard, technicien à la coopérative CT2F.
« On estime que les marges ont été multipliées par deux, presque par trois en trois ans. Cette production de chicha est très récente », ajoute-t-il.
A 24 ans, Lucas Devy a repris l'exploitation de ses parents à Beaupréau-en-Mauges, également dans le Maine-et-Loire. En plus de l'élevage de vaches allaitantes, il a développé la production de tabac blond depuis deux ans. Cela représente désormais 40% de son activité.
« La classe A est l'objectif principal, c'est la classe qui rémunère le mieux. C'est ce qu'on nous demande de faire au maximum », explique le jeune agriculteur devant les séchoirs remplis de feuilles.
Les feuilles resteront une semaine dans les séchoirs avant d'être triées manuellement. En visant une qualité haut de gamme, le producteur est rémunéré jusqu'à 7 € le kilo, un prix fixé avant la récolte. Cette rentabilité a évidemment pesé dans le choix de Lucas de succéder à son père.
Bien que prometteuse, cette production de tabac à chicha peine encore à satisfaire une demande croissante. Pour répondre aux besoins des transformateurs, il faudrait planter 700 hectares supplémentaires à l'échelle de cette coopérative qui couvre le nord de la France.