Un couple du Crès, qui souhaite souscrire un emprunt sous le régime du bail réel solidaire, se voit refuser sa demande de crédit. Ce dispositif est destiné aux personnes aux revenus modestes et permet d'acquérir les murs mais pas le terrain, ce qui permet une accession à la propriété à un prix plus abordable. Ce couple, composé d'un aide-soignant de 36 ans et d'une auxiliaire de puériculture en CDD depuis trois ans, souhaite acheter un appartement d'environ 80 m2 à 220 000 euros. Ils ont un salaire mensuel d'environ 3 500 euros et un apport de 19 000 euros, ainsi qu'un prêt patronal et un autre à taux 0. Ils souhaitent emprunter 83 000 euros sur 15 ans, avec un taux d'emprunt inférieur aux 35 %. Cet achat leur permettrait de se rapprocher de leur lieu de travail, de vendre une de leurs deux voitures et de réduire leur empreinte carbone.
Cependant, leur demande de crédit est rejetée par le Crédit Agricole, l'une des seules banques à pratiquer le bail réel solidaire, avec la banque postale. Bérengère Dubus, secrétaire générale de l'Union des intermédiaires de crédit, alerte depuis deux ans les pouvoirs publics, les métropoles et le ministère du logement sur la nécessité de prendre en compte l'angle du crédit dans les programmes d'accession sociale. Selon elle, si cet aspect n'est pas pris en compte, les gens ne pourront pas obtenir leur crédit. Elle souligne que le crédit est l'angle mort de la politique du logement et de la ville.
Les banques refusent la demande de crédit du couple car elles ne savent pas comment financer l'achat d'un bien dont les acheteurs ne sont pas propriétaires du terrain. Bérengère Dubus indique que dans le cas du bail réel solidaire, il n'y a qu'une seule banque, ce qui lui confère une certaine toute-puissance. Les banques sont souveraines et ne risquent pas de sanctions.
Le cas de ce couple n'est pas isolé. Les familles de classe moyenne rencontrent également des difficultés pour obtenir des prêts immobiliers. Il serait nécessaire que d'autres banques décident d'ouvrir le bail réel solidaire pour offrir une concurrence. Pour l'instant, la Caisse d'Epargne et le Crédit Mutuel envisagent cette possibilité, mais aucune autre banque ne l'a encore fait.
Actuellement, 50 % des demandes de crédits immobiliers sont refusées.