Les Restos du cœur tirent la sonnette d'alarme à deux mois de leur campagne d'hiver. En Isère, le nombre de bénéficiaires ne cesse d'augmenter depuis le début de l'année, tandis que les coûts de fonctionnement des associations ne cessent de progresser.
Au centre des Restos du cœur d'Echirolles, les bénévoles déchargent les dons issus des invendus des supermarchés du secteur. Le nombre de bénéficiaires a explosé dans le département cette année, atteignant une augmentation de près de 30% voire 50% dans certains centres de l'agglomération grenobloise. Cependant, les denrées alimentaires ne suivent pas cette augmentation, créant une situation d'étouffement.
L'inflation impacte fortement l'association des Restos du cœur, tant en termes d'accueil des personnes que de frais de fonctionnement. En effet, le prix des denrées alimentaires a augmenté et représente environ un tiers du stock de l'association. Le président des Restos du cœur, Patrice Douret, a même exprimé sa crainte de devoir réduire l'accueil en distribution cet hiver, voire devoir fermer certains centres d'ici trois ans. Les dons sont également en baisse, ce qui fragilise davantage l'approvisionnement en nourriture.
Cette situation précaire affecte non seulement les Restos du cœur, mais aussi toute la chaîne associative. La Banque alimentaire de l'Isère constate également une augmentation alarmante du nombre de bénéficiaires, soit 20% au premier trimestre 2023, soit deux fois plus que la moyenne nationale. L'approvisionnement en nourriture se détériore, avec une augmentation des achats et une dépendance aux dons de nourriture provenant des grandes surfaces.
Les bénévoles remarquent que de plus en plus de familles monoparentales, de travailleurs en contrat à temps partiel et d'étudiants se retrouvent dans les files d'attente des distributions. Les étudiants, en particulier, sont confrontés à une augmentation du coût de la vie, ce qui les contraint à sauter de plus en plus de repas. Les associations caritatives, telles que Génération Précarité, distribuent de la nourriture sur les campus pour venir en aide aux étudiants en difficulté.
Toutes ces associations appellent à une prise de conscience des pouvoirs publics face à la précarité alimentaire. Des promesses d'aides financières ont été faites par l'État ainsi que par la famille de Bernard Arnault, propriétaire du groupe LVMH. Cependant, ces annonces restent à concrétiser. Au centre d'Echirolles, les dons ne sont même pas suffisants pour garnir les paniers de légumes jusqu'à la fin de la semaine.