Depuis 2021, une épicerie solidaire appelée « L'ancrage » s'occupe des personnes en situation de précarité à Eu et au Tréport, en Seine-Maritime. En plus de fournir de l'aide alimentaire régulière et de proposer un large programme d'activités tout au long de l'année, les bénévoles de l'Ancrage ont lancé un nouveau défi : offrir des séances de socio-coiffure.
C'est une belle manière de s'attaquer aux problèmes à la source. Située au cœur du Tréport, l'épicerie solidaire « L'Ancrage » est un lieu multifonctionnel qui offre une combinaison de vie, d'accompagnement et de bien-être.
Édith Cottrelle, membre de l'association « L'Ancrage », sourit dès qu'on mentionne l'épicerie. Elle explique : « Nous avons droit à de la nourriture et nous partageons un petit café avec les autres membres. Parfois, nous organisons des sorties, ce qui nous fait beaucoup de bien. Nous nous faisons des amis, c'est génial. » Cela crée un lien durable, qui apporte un souffle d'air frais dans un quotidien étouffé par la précarité.
La socio-coiffure est un moyen d'évasion. Une autre membre de l'association, Isabelle, entre dans l'épicerie. Elle n'est pas venue chercher de la nourriture pour remplir son frigo pendant quelques jours. Elle s'installe auprès de Maryse Hallier, socio-coiffeuse. Cette dernière exerce son métier dans des contextes médicaux, médico-sociaux et sociaux auprès de personnes fragilisées par des problèmes physiques (maladie, vieillesse…), mentaux (handicap…) ou sociaux (perte d'emploi par exemple). C'est l'heure d'une séance de shampoing/massage.
« L'essentiel est de donner un moment unique à chaque individu pour que ce soit vraiment son moment, » explique Maryse Hallier, la socio-coiffeuse. « Nous essayons de détendre tout le corps et de leur permettre d'oublier les stress de la vie. »
Avec une musique relaxante en fond sonore, la coiffeuse masse le crâne de sa cliente et lui souffle quelques consignes. « Imaginez que sous la plante de vos pieds, de petites racines viennent s'enfoncer dans le sol. »
Pour les plus démunis, la nourriture est souvent une priorité au détriment de la culture, de la santé et du bien-être. Isabelle, qui dispose de moins de huit euros par jour pour vivre, se retrouve dans cette situation à cause d'un cancer de stade 4. Elle témoigne : « C'est surtout l'après qui est compliqué. On vous passe en invalidité, donc le temps que tout se mette en place, c'est difficile financièrement. Donc forcément, on met des choses de côté. Là, ça me fait un petit rappel. »
À terme, la socio-coiffure sera proposée une fois par mois dans cette épicerie. Le directeur, Eric Sénécal, insiste sur l'importance de cette pause bien-être, qui est loin d'être anecdotique. « Cela a un impact déterminant sur l'estime de soi, mais aussi sur le regard des autres. »
Au total, plus de 1200 personnes bénéficient des activités proposées par l'Ancrage.