Je ne le reconnais plus. Jusqu'à présent, à chaque fois qu'il me voyait, il me souriait. On voulait l'emmener en week-end à la montagne. Elle refuse, elle dit qu'elle est mieux avec ses camarades… Qu'a-t-on fait docteur pour mériter ça ?
L'adolescence est un sujet qui fait débat dans la société. Cette période de développement est marquée par des transformations physiques, psychologiques et intellectuelles qui touchent l'enfant dès la puberté. Un comportement opposant, le repli dans sa chambre, l'irritabilité sont des réactions normales à cette période. Ils témoignent de la nécessité pour l'adolescent de se construire sa propre personnalité, souvent en opposition avec ses parents.
Il est important de pouvoir décoder ces comportements nouveaux et parfois dérangeants, afin de ne pas rater le défi que l'adolescent lance à l'école et à la maison.
Le Dr Revol, pédopsychiatre et père de quatre enfants, nous éclaire et nous donne quelques clés pour accompagner cette période de recherche d'autonomie de plus en plus précoce et intense.
Un objectif : l'autonomie
La mission des parents est d'éduquer leurs enfants : ex ducere, conduire vers l'extérieur.
Si vous arrivez à faire en sorte que votre adolescent se sente mieux avec les autres qu'avec vous, c'est parfait. Ne changez rien.
Cela peut être difficile à vivre, même en sachant cela. « Il nous dit tout le temps non« . Il s'oppose, certes, mais il le fait pour exister. « Résiste, prouve que tu existes », chantait France Gall au siècle dernier. Eh bien, c'est exactement ça.
L'adolescent résiste exactement là où les parents insistent, c'est le principe d'Archimède. Arrêtez d'insister sur le look et il arrêtera de s'y accrocher. Arrêtez d'insister sur l'état de la chambre et vous verrez que les choses n'iront pas plus mal et que les relations au quotidien s'amélioreront nettement.
Dr Revol
À la question : quand je rentre le soir et que je le vois couché devant la télé à regarder des bêtises, la tête sur son sac, je ne dois rien dire ? » La réponse est claire. Vous lui faites gentiment remarquer, mais là aussi, c'est normal. Il y a eu tellement de transformations hormonales, physiques, intellectuelles, qu'il est fatigué et qu'il est en état de deuil. On a tendance à l'oublier. L'adolescence est un deuil, deuil de mon corps d'enfant, de mes illusions d'enfant. Le parent doit accepter que son adolescent vive ce deuil en position allongée, la musique en intraveineuse. Il faut le laisser tranquille à ce moment-là, car ce n'est pas joyeux.
Il n'y a pas d'adolescent équilibré. Il n'y a que des équilibristes.
un adolescentsur la porte des toilettes d'un lycée
L'enfance est solide, mais ensuite ça se complique. Le Dr Revol utilise justement l'image de l'équilibriste. Un pied devant l'autre, sur la corde, ça va au début et au milieu, puis ça commence à osciller. À ce moment-là, il a besoin de nous. Il a besoin d'un balancier, son papa, sa maman, ses professeurs, un médecin, un psychologue pour traverser cette période difficile. Alors, il remet un pied devant l'autre et passe de l'autre côté. Il devient adulte. C'est une victoire grâce à l'accompagnement dont il a pu bénéficier, à l'amour inconditionnel.
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Le Dr Olivier Revol,
Âgé de 64 ans, il est l'auteur de nombreuses publications scientifiques sur la précocité intellectuelle, l'hyperactivité et les difficultés scolaires.
Il dirige un service de neuro-psychiatrie de l'enfant au CHU de Lyon. Il enseigne à l'université Lyon 1 et milite depuis 30 ans pour que chaque enfant, quelle que soit sa compétence, découvre le plaisir d'apprendre à l'école.
Il a publié trois ouvrages chez JC Lattès : « Même pas grave ! L'échec scolaire, ça se soigne » en 2006, « J'ai un ado, mais je me soigne » en 2010, et « On se calme » en 2013. Il a co-écrit en 2019 « Les Philocognitifs » chez Odile Jacob et « 100 idées pour accompagner les enfants à haut potentiel (Tom Pousse) » en 2021.
Il aide les parents et les professionnels à comprendre les nouvelles règles des enfants et des adolescents, avec un intérêt particulier pour les fratries d'enfants différents.