Dans le but de faire baisser rapidement les prix dans les magasins, le gouvernement présentera ce mercredi un projet de loi visant à avancer la fin des négociations entre les professionnels du secteur au début janvier, au lieu du 1er mars. Le texte, dévoilé le mercredi 27 septembre lors d'un Conseil des ministres, anticipe le calendrier des négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs pour l'année 2024.
réduire les prix dans les supermarchés
L'objectif du gouvernement est d'accélérer la baisse des prix dans les supermarchés, alors que les coûts de certaines matières premières et de l'énergie ont commencé à diminuer sans toujours se répercuter sur les étiquettes des rayons. Suite aux discussions annuelles entre décembre et mars, les supermarchés et leurs fournisseurs fixent les prix d'achat des produits qui seront vendus aux consommateurs tout au long de l'année. Lorsque les coûts de fabrication pour les producteurs ont augmenté en 2021 et 2022 sans augmentation correspondante des prix en rayon, leurs marges bénéficiaires se sont réduites.
- En réponse à cette situation, après les négociations de mars 2023, les producteurs ont obtenu une hausse moyenne des prix de 10%.
- Anne-Sophie Alsif, économiste en chef chez BDO analyse, y voit un effet de rattrapage : « Les entreprises cherchent à regagner leurs marges de profit pour récupérer ce qu'elles ont perdu quand les prix des matières premières étaient élevés mais pas encore répercutés sur les prix. »
Mise sous pression par le gouvernement
De son côté, le gouvernement a exercé une pression pour que les acteurs de l'industrie reviennent rapidement aux tables de négociation et répercutent les baisses enregistrées sur les marchés mondiaux. En juin, Bruno Le Maire a appelé 75 grands acteurs de l'agroalimentaire à baisser leurs prix et menacé de recourir à la méthode du name-and-shame en dénonçant publiquement ceux qui ne se conformaient pas.
- Trente-neuf entreprises, dont Bonduelle, Haribo et Panzani, ont accepté mi-juillet de diminuer les prix ou d'offrir des promotions sur 1 000 produits.
- Selon Jean-Philippe André, président de l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA), des baisses de prix allant de 5% à 18% ont été mises en œuvre pour divers produits.
Avancer le calendrier des négociations
Afin d'aborder plus efficacement l'écart entre les coûts de production réels et les prix payés par les consommateurs, le gouvernement a décidé d'avancer le calendrier des négociations pour 2024 de quelques semaines et donner jusqu'au 15 janvier aux parties prenantes pour trouver un accord. Contrairement aux tentatives d'incitation de Bruno Le Maire, ce bouleversement du calendrier nécessite une action législative, car la date limite des négociations, normalement fixée au 1er mars, est inscrite dans la loi.
Des baisses de prix attendues face à la baisse de la consommation
Selon Anne-Sophie Alsif, des baisses de prix devraient être mises en œuvre, notamment pour contrer le recul de la consommation observé dans les supermarchés. Fin août, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour et président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), a alerté sur le tsunami de la baisse de la consommation qu'il observe déjà et qui pourrait s'aggraver si l'inflation alimentaire persiste. Pour offrir les meilleures affaires à leurs clients, le patron des grandes chaînes de distribution a également demandé un moratoire d'un an sur la loi Descrozaille votée par le Parlement en mars.
- Cette législation limite les promotions sur les produits d'hygiène et de soins personnels à 34% maximum de leur prix de vente initial.
- De leur côté, les producteurs affirment que les baisses de certaines matières premières ne sont pas forcément significatives et que leurs coûts de production n'ont pas diminué partout.
- « Selon la rapidité avec laquelle les produits sont remis en rayon, il faudra au moins trois mois pour observer des variations de prix », estime l'économiste Anne-Sophie Alsif.