Muriel Robin (68 ans) dévastée par cet événement : « Ça a déclenché un manque…

Lounes

Adorée et célébrée par ses aficionados, est une figure emblématique du paysage artistique français. Néanmoins, la consécration suprême lui échappe : le prestigieux Molière. Malgré de multiples nominations, elle n'est jamais parvenue à s'approprier ce sésame, tandis que d'autres acteurs de son acabit l'ont décroché. Sans ambages, elle partage sa frustration en mentionnant sa consœur Valérie Lemercier, lauréate à trois reprises de ce fameux prix.

Muriel Robin et Pierre Arditi s'illustrent dans la pièce imaginée et orchestrée par le virtuose Samuel Benchetrit, au nom évocateur, Lapin. Dans le cadre de la promotion de ce spectacle – qui a été présentée le 21 septembre au théâtre Edouard-VII -, ces deux acteurs accomplis ont accordé une entrevue au quotidien phare, le Figaro. Une occasion pour Muriel Robin d'exprimer sa déconvenue.

Lors de cette discussion, le chroniqueur de ce journal bien connu s'est aventuré sur le terrain des Molières – une cérémonie de renom qui, depuis 1987, distingue annuellement les talents les plus marquants et les productions les plus fascinantes de la saison, dans les théâtres publics comme privés. Notant que Pierre Arditi fut déjà honoré du Molière du Meilleur acteur dans un second rôle (celui-ci précisant avoir également remporté deux Césars), alors que Muriel Robin en fut toujours privée, l'actrice et humoriste chérie du public a tenu à clarifier les choses.

« Annie Girardot en a fait les frais… ils n'ont pas envie de me le décerner. Après six ou sept tentatives, je dois admettre que cela m'a affectée. Valérie Lemercier, elle, a été récompensée trois fois. Je finis par penser : ‘Ils ne cochent pas mon nom'. Cela a fini par saper ma confiance en moi« , a-t-elle précisé. Éprouvée, Muriel Robin admet que cette reconnaissance qui se dérobe sans cesse n'est pas sans laisser des traces pour celle qui se sait « émotionnellement précaire« . Puis elle rappelle que son don pour la comédie a été salué hors frontière : « J'ai un Emmy Award [grâce à Marie Besnard, l'empoisonneuse, un téléfilm en 2006, NDLR], ce n'est pas rien. » « J'ai du mal à apprécier les Molières« , conclut-elle.

Un désappointement tenace pour Muriel Robin

Cette révélation a profondément touché Pierre Arditi qui a affirmé : « Je ne suis pas sûr de demeurer membre de l'académie des Molières. Je pensais que tu avais déjà été couronnée, c'est hallucinant ! Certains de mes prédécesseurs y sont parvenus plusieurs fois, Michel Aumont, Michel Bouquet… très bien, mais sept fois, est-ce vraiment justifiable ?« 

Dès 2015, interrogée par Nikos Aliagas sur Europe 1, Muriel Robin avait déjà fait part de ce désenchantement. « Être reconnue par ses pairs, c'est être appréciée, c'est crucial. Quand on est nominé sept fois sans jamais obtenir le prix, c'est un coup dur, on se sent rejeté… À force de ne pas être choisie, c'est l'impression de ne pas être aimée qui s'impose (…) Je me suis persuadée qu'ils n'appréciaient pas ma personne, qu'ils ne m'aimaient pas. J'ai beaucoup remis en question ma valeur à cette époque. Cela a contribué à ma décision de mettre un terme à mon one-man show. Je me suis dit que je m'étais peut-être laissée aveugler par la flatterie, par les amis qui vous disent que ce que vous faites est extraordinaire, que vous êtes l'humoriste la plus drôle du pays, etc. » Espérons que ce message sera entendu par l'ensemble de l'Académie, qui sera appelé à voter en deux tours.