Au sein des Hauts-de-France, de nombreuses familles ont opté pour l'instruction en famille en ce début d'année scolaire. Cependant, depuis deux ans, une nouvelle loi rend cette option plus compliquée.
Lydie Desière accompagne son fils Tom, âgé de quatre ans, dans son apprentissage de l'écriture. Même si elle n'est pas enseignante, elle a fait le choix de l'instruction en famille. Tom ne fréquente pas l'école, il apprend chaque jour à la maison.
Selon Lydie, cela fait partie de son souhait de respecter les besoins physiologiques de son fils et de lui permettre d'apprendre à son rythme. Elle a donc établi un emploi du temps adapté à Tom, avec des activités d'apprentissage le matin, des jeux éducatifs l'après-midi et des activités sportives ou musicales chaque soir.
Ce choix s'est imposé à elle depuis le diagnostic posé sur Tom, qui présente un haut potentiel intellectuel et émotionnel, avec une suspicion d'hyperactivité et de troubles de l'attention. Malgré les difficultés de concentration de son fils, Lydie trouve des stratégies pour le faire progresser, avec l'aide de son mari, Franck.
Cependant, les parents de Tom ont été surpris lorsque leur demande d'instruction en famille a été refusée. Ils ne comprennent pas pourquoi l'instruction est obligatoire mais pas l'école, et cela d'autant plus que Tom était encore en maternelle à l'époque, où l'école n'était pas obligatoire avant l'âge de 6 ans. Depuis la loi sur le séparatisme d'août 2021, il faut désormais obtenir une autorisation préalable pour l'instruction en famille, alors qu'une simple déclaration suffisait auparavant. Cette nouvelle exigence crée de l'inquiétude parmi de nombreuses familles.
Un collectif appelé IEF des Hauts-de-France a été créé et compte environ 350 familles de la métropole lilloise. Carine Biancardini, qui représente ce collectif, a reçu de nombreuses demandes d'aide de familles qui n'arrivent pas à obtenir l'autorisation du rectorat. Elle constate une pression croissante depuis le passage de la nouvelle loi.
Afin de s'entraider et de se rassurer, plusieurs familles se réunissent dans un parc à Wasquehal. La critique la plus fréquente à laquelle elles doivent faire face est le manque de sociabilisation des enfants instruits en famille. Mais selon la mère de Tom, il s'agit là d'un préjugé, car ces enfants sont bien socialisés dans la réalité.
Carine Biancardini observe également dans les dossiers des familles qu'elle suit une tendance à la redirection vers les écoles. Elle dénonce une institution qui joue le rôle de juge et partie, puisqu'elle a le pouvoir d'accorder ou de refuser l'autorisation aux familles. Certaines de ces familles, en colère, manifesteront le 15 septembre pour défendre le droit à l'instruction en famille.
En France, environ 53 000 familles ont choisi l'école à la maison et sont contrôlées chaque année par l'Education nationale. Face à ces nouvelles contraintes, certaines décident de déménager en Belgique afin de ne pas abandonner leur projet.